Bill Clegg semble incarner la réussite. Jeune agent littéraire talentueux, en couple depuis huit ans, un bel appartement dans un quartier envié de New-York. La dépendance ne transparaît pas dans les apparences. Bill Clegg est accro au crack depuis des années. Il revient sur un épisode particulièrement ravageur, ce que l'on appelle justement, la descente aux enfers.
Récit d'une dévastation, triste et courageux, Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme se démarque par son honnêteté d'une grande exigence. J'ai été tellement touchée. Une lecture obsédante, cruelle, et solaire. Impossible à lâcher.
Pour Bill Clegg, le salut n'est que dans la vérité. L'auto-analyse est d'une grande force. L'auteur refuse toute concession. Il écrit les faits avec une simplicité désarmante. Il en faut du courage pour se dépeindre avec une telle justesse. S'absoudre par l'écriture.
Les balbutiements de son homosexualité, la recherche de soi, la relation à l'existence, aux autres, la détestation de soi, le basculement dans la perte, de soi-même, de sa dignité Le dénuement, l'apprivoisement de la vie et cette question, lancinante, jusqu'où peut-on aller par amour ?
Lyrique, granitique, crépusculaire, remuant, ténébreux, insolent, intense, glaçant, électrisant, terriblement bien écrit et sans voyeurisme, une révélation.
Jacqueline Chambon, 192 pages, 2011, traduit de l'anglais par Laure Manceau