Ricard – Martinez © Futuropolis – 2013
« Point 10 : Nous voulons des terres, du pain, des logements, de l’éducation, des vêtements, la justice et la paix. Notre objectif politique majeur est l’organisation, sous le contrôle des Nations unies, d’un référendum au sein de toute la colonie noire : seuls les citoyens noirs auront le droit d’y participer. Ce référendum devra décider du destin national du peuple noir » (Ten Point Plan – 1966).
Fin des années 1960, Etats-Unis. Par l’intermédiaire de Vermont Washington, nous découvrons le combat mené par le Black Panther Party, mouvement révolutionnaire afro-américain, qui revendique une reconnaissance pleine et entière des Noirs par la société américaine ; en tant que citoyens américains de plein droit, ils aspirent au respect, à l’accès à l’éducation, à l’employabilité… comme tout autre citoyen américain. Un combat pour la liberté et l’égalité de tous les individus, sans distinctions de race, de statut social ou d’appartenance religieuse…
Une question de société malheureusement toujours à l’ordre du jour.
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Second et dernier volet du diptyque Motherfucker démarré en juin 2012. A l’époque, mon engouement pour le premier tome était modéré. J’avançais le côté conventionnel des propos, regrettais que le récit ne gagne pas en puissance et qu’il manque de spontanéité.
J’avais effectivement jugé un peu vite le travail du Sylvain Ricard. J’étais pourtant consciente de l’impossible exercice d’offrir une conclusion ferme et définitive alors que je n’avais qu’une vision partielle de l’histoire. « L’issue tragique du diptyque semble être une évidence » disais-je… et si c’est effectivement le cas, ce n’est en tout cas pas celle que j’avais imaginée.
La trame narrative poursuit son énumération, article par article, du Ten Point Plan rédigé en 1966 (je les avais repris dans ma chronique du tome 1). Cette seconde partie de Motherfucker reprend donc son fil conducteur et développe les 5 derniers points du programme politique du Black Panther Party. Les différentes pièces de l’échiquier ayant été placées dans le premier volet du diptyque, Sylvain Ricard s’attèle désormais à faire monter la tension. De la rancœur du premier tome on passe au registre de la colère. Un vent de révolte souffle au travers de ses pages, les attitudes des personnages – que j’avais jusque-là trouvés sur la réserve – se révèlent et leurs carapaces volent en éclats. Chacun affiche une volonté ferme de défendre ses convictions, certains sont même prêts à payer le prix fort pour défendre la cause des Noirs : égalité des chances, lutte contre le racisme et l’intolérance… Les personnalités sont assumées, quitte à bousculer le lecteur dans ses propres représentations. Ce choix narratif s’avère opérant puisque enfin, il est possible d’investir les différents protagonistes voire d’éprouver de l’empathie à leur égard. Le lecteur devient partie prenante du combat.
Ricard – Martinez © Futuropolis – 2013
Guillaume Martinez quant à lui poursuit sur la même lignée. Le trait est fluide, le graphisme de toute beauté et les lavis donnent de la force à cette univers graphique. Tout s’emboîte parfaitement, comme si scénario et dessin étaient indissociables. Le dessinateur livre-là un travail ans sans aucune fausse note.
Une lecture que je partage avec Mango
Extrait :
« Et laissez-moi encore insister : nous croyons que notre combat est une lutte de classes et non pas une lutte raciale. Nous ne combattons pas le racisme par le racisme. Nous ne combattons pas le capitalisme exploiteur par le capitalisme noir. Nous combattons le capitalisme par le socialisme. Nous ne combattons pas l’impérialisme par un impérialisme plus grand. Nous combattons l’impérialisme par l’internationalisme prolétarien » (Motherfucker, seconde partie).
Du côté des challenges :
Petit Bac 2013 / Gros mot : Mother fucker
Petit Bac 2013
Motherfucker
Deuxième Partie
Diptyque terminé
Editeur : Futuropolis
Dessinateur : Guillaume MARTINEZ
Scénariste : Sylvain RICARD
Dépôt légal : février 2013
ISBN : 978-27548-0807-1
Bulles bulles bulles…
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