Pour l’essentiel, chaque phénomène a une forme simple;
le bois brûle, l’eau gèle, toute matière se dissout,
soit tu m’aimes soit tu ne m’aimes pas.
Tes torches de résine brillent même à travers la pierre,
je me réfugie dans le rêve, pourtant j’entends ta voix
quand je sais que tu n’es que songe, chimère.
Je souffre comme tout homme souffrirait
de ton absence, telle une brûlure dans ma chair,
elle aigrit mon vin, elle ensable mes poèmes.
Enfin quand tu reviens, tu descends d’une autre étoile,
je m’aperçois que tu n’es pas tout entier en ce lieu,
derrière toi devant toi quelque chose erre encore.
Pourtant s’il y avait un destin je lui rendrais grâce
car dès après ma chute tu es venu, tu as brûlé mes yeux,
aveugles à moi-même désormais comme à toute vérité.
Mais tu ne m’aimes pas encore, tu n’oses pas sans doute,
assez pour que la mort ne soit pas, et que je ne sois jamais poussière.
Je ne te demande rien qui dépasse tes forces.
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Pentti Holappa (né en 1927) – Une ville illuminée dans la nuit arctique (Valaistu kaupunki Ruijan pimeydessä, 1985) – Traduit du finnois par Gabriel Rebourcet