Agneau de lait : des difficultés à l’export
Environ 75% des agneaux de lait issus des bassins laitiers français sont destinés à l’export vers l’Espagne et l’Italie, deux pays sévèrement touchés par la crise économique. L’agneau de lait étant en outre un produit souvent considéré comme haut de gamme, il est particulièrement exposé à la contraction des dépenses des ménages en Europe du Sud.
Ainsi, les douanes françaises ont relevé une chute de plus d’un tiers des exportations d’agneaux vivants en novembre, à moins de 45.000 animaux :
- Environ 39.000 têtes ont été envoyés vers l’Espagne, soit une baisse de près de 25% par rapport à 2011,
- tandis qu’à peine plus de 5.000 agneaux ont pris la direction de l’Italie, 42% de moins qu’en 2011.
Les flux connaissent tous les ans un sursaut autour de la période de Noël, propice à la consommation d’agneau de lait dans le Sud de l’UE. Cependant, le pic saisonnier des exportations françaises aurait fait face à une demande toujours atone, comme en témoigne l’évolution des prix en Espagne : en moyenne sur les semaines 50 à 52, la cotation des agneaux de moins de 7 kg de carcasse y est restée inférieure de 11% à ses niveaux de 2011.
Ainsi, les difficultés rencontrées par les opérateurs français en novembre ont persisté jusqu’à la fin de l’année, et les chiffres des expéditions vers l’Espagne en décembre devraient bientôt en témoigner. D’autant plus que les mécanismes assurantiels, destinés à couvrir les exportateurs face aux éventuelles défaillances de leurs clients espagnols en proie à un marasme économique indéniable, sont en pleine perte de vitesse.
Agneau lourd : baisse des prix sur le marché français
Ce n’était pas arrivé depuis plus de dix ans : la hausse saisonnière du prix français de l’agneau lourd s’est inversée avant les fêtes de fin d’année, face au regain de pression à l’import.
Nouveau recul des abattages français d’agneaux…
Les abattages contrôlés d’agneaux se sont à nouveau repliés en décembre, de 2% par rapport à 2011, à 265.000 têtes. Sur l’ensemble de l’année 2012, 3,80 millions d’agneaux ont ainsi pris la direction des abattoirs français, soit 4,5% de moins qu’un an auparavant. Ce phénomène est à mettre en relation avec le contexte climatique et fourrager de l’année 2011 qui avait incité de nombreux éleveurs à réduire leur cheptel de brebis, et donc à limiter leur potentiel de production pour 2012. Une baisse de la productivité numérique aurait en outre été enregistrée, en raison notamment de la hausse de la mortalité précoce des agneaux.
…compensé par la hausse des importations
Après un sursaut de 16% en octobre, les importations ont à nouveau progressé en novembre. A plus de 9.400 tonnes équivalent carcasse, elles ont dépassé de 3% leur niveau de 2011. Et ce, malgré le recul des importations d’agneau britannique (-25%, 3.800 téc) et le tarissement des flux en provenance d’Espagne (-26%, 400 téc).
Les exportateurs irlandais ont en effet su tirer parti d’une production intérieure étoffée pour expédier 1.800 téc de viande ovine vers l’Hexagone au cours du mois, soit 13% de plus qu’à la même période de 2011. De même, les importations françaises en provenance de Nouvelle-Zélande ont rebondi de 37% à 1 600 téc.
Par ailleurs, les abattages d’ovins de réforme sont retombés à 37.000 têtes en décembre, soit 2% de moins qu’un an auparavant. Au total sur l’année, ils accusent un recul du même ordre par rapport à leur haut niveau de 2011, à 560.000 têtes. L’alourdissement des agneaux et des brebis n’aura que partiellement compensé la chute des effectifs abattus au cours de l’année : la production contrôlée de viande ovine accuse une baisse de 3% en 2012, à 83.000 téc.
Sursaut de la consommation en décembre
Les achats d’agneau par les ménages français auraient bondi de 7% au cours du mois de décembre (P13). Certes, une partie de ce résultat pourrait s’expliquer par le rebasement du panel Kantar, qui incluait la semaine 52 en 2012, ce qui n’avait pas été le cas l’année précédente. Cependant, cette progression des achats est avant tout due à la hausse des disponibilités sur le marché français en fin d’année. En effet, la progression continue des importations en provenance de Nouvelle-Zélande et l’accélération des sorties d’agneaux britanniques auraient largement contrebalancé la baisse de la production hexagonale.
Interrogation sur l’évolution des prix
Le cours de l’agneau français à Rungis, dont le mode de calcul est resté inchangé, est descendu 10% en-dessous de son niveau de 2012, à 5,67 €/kg de carcasse fin janvier.
La pression exercée par les importations de viande ovine britannique, irlandaise et néo-zélandaise, face à une demande française toujours atone, reste le principal moteur de la baisse des cours. La situation se serait en outre aggravée avec la réorientation d’animaux provenant d’Europe de l’Est vers le marché communautaire, en raison d’un commerce moins actif que prévu vers le Moyen-Orient et le Maghreb.
Institut de l'Elevage
Tendances Lait et viande
La lettre de conjoncture n°232 - février 2013