Une fois par semaine, l'artiste déménage sa bibliothèque sur le plateau des Mathurins, conviant les spectateurs à partager ses coups de coeur littéraires, récents ou anciens, drolatiques, poétiques ou émouvants. Avec la malice et la gourmandise qui la caractérisent, elle donne à entendre et commente une sélection éclectique d'une quinzaine d'extraits. Pour l'amour des mots et l'amour de la vie. Réussi.
Confortablement installée dans son salon (car il semblerait en effet qu'en plus d'une multitude d'ouvrages, notre lectrice d'un soir n'ait pas hésité à déplacer le mobilier de son domicile au théâtre), entre deux verres de rouge qu'elle se plait à déguster, en bonne épicurienne, devant une audience qui ne pourra boire que ses paroles, Juliette nous régale donc d'une histoire du Petit Nicolas (Goscinny), d'une nouvelle de Jules Renard, de quelques lignes de Maupassant. Jean Ferry (co-auteur des Enfants du Paradis) et son "Tigre Mondin" côtoient sans gêne "L'Art du Pet" (Pierre Thomas et Nicolas Hurtaut) ou le réjouissant "Manuel à l'usage des jeunes filles" de Pierre Louys... Mais gageons qu'en fonction des humeurs de notre hôte, la liste varie sensiblement.
Sans jamais faire un sort aux oeuvres dont elle s'empare, celle qui se définit comme chanteuse romanesque esquisse avec simplicité une ode à la lecture, à la littérature sous toutes ses formes, de toutes les époques, redécouvre les textes à nos côtés, fait le clown (un peu), papote, digresse, se désole de ce que l'autobiographie d'un footballeur soit troisième des ventes de livres en France... Et nous offre une soirée véritablement exquise.
Assurément, il fait bon fréquenter le salon de Madame Juliette.
Tous les lundis jusqu'à fin mars.
Photo : Eric Vernazobre