C’est ce mal étrange qui te ronge, malmenant ton sommeil et grignotant ton cerveau la journée. C’est cette angoisse diffuse qui t’accompagne tout au long de la journée. C’est ce sentiment de te heurter à un mur à chaque fois que tu avances, quelle que soit la direction dans laquelle tu fais un pas. Bienvenue dans le monde cruel de la recherche d’emploi.
Oui, je cherche un poste en ce moment. D’ailleurs, ami lecteur, amie lectrice, si tu as une proposition à me faire, sache que je l’étudierai avec une attention bien réelle.
On ne demande pas un emploi, on le cherche !
Je ne suis pas seul, je le sais bien. En écrivant cette petite note, je pense à mon ami et néanmoins webhamster qui en est à quelque 150 envois de réponse à des annonces. Je pense à Le Stan. Je pense à Bastien qui, dans une autre situation, se bat pour trouver du boulot pour sa petite boîte et boucler son statut d’intermittent.
Nous sommes officiellement plus de 3 132 900 dans ce cas, selon les statistiques de Pôle Emploi. Ce chiffre ne prend pas à en compte celles et ceux qui, pour une raison ou une autre, ont été radiés des listes officielles, qui sont allocataires du Revenu de solidarité active ou « auto-entrepreneurs » parce qu’il faut bien avoir un statut. Nous sommes donc plus probablement dans les 5 millions à ressentir cette boule au ventre, le matin, quand nous allumons notre ordinateur, scrutant les sites d’offres d’emploi.
Parce que nous cherchons vraiment du boulot. Il faut méconnaître totalement ce qu’est de vivre avec un pouvoir d’achat amputé d’un bon tiers (je parle de celles et ceux qui avaient un boulot avant) pour pouvoir songer que le chômeur est un fainéant qui se vautre devant sa télé en attendant que ça se passe. Aujourd’hui, comme tant d’autres, j’ai regardé mes sites de référence, d’autant que mardi c’est jour d’actualisation des offres sur La Gazette des communes. J’ai refermé la page rapidement avec un constat : rien.
Faut dire que, pour ce qui me concerne, je cumule les handicaps. Je ne veux pas travailler pour une municipalité de droite et je suis bien trop marqué au rouge pour pouvoir imaginer qu’une municipalité PS prendrait en compte ma candidature. C’est un fait, je l’assume : j’ai choisi un camp politique et voilà que cela me ferme des portes. A dire le vrai, pour être franc, je n’ai guère envie de mettre mon talent au service de gens qui mènent des politiques que je réprouve. Las, cela entraîne, visiblement, un prolongement de ma recherche d’emploi.
Pour d’autres, ce choix ne se pose pas même. Ils seraient prêts à accepter n’importe quel employeur mais se voient claquer la porte au nez en raison de leur adresse. Il faut vivre dans nos quartiers populaires pour savoir ce que cela signifie concrètement d’avoir tous les diplômes en poche et de deviner que votre CV finit invariablement au fond de la poubelle parce que vous n’habitez pas à Paris, Neuilly ou au Raincy.
Puis, on lit l’accord sur la « flexi-sécurité », à propos duquel les Montreuilloises et les Montreuillois qui me lisent pourront débattre demain mercredi 20 février à 19h30 au siège de la section locale du PCF. Si cet accord devait être traduit dans la loi, la précarisation s’en trouverait accrue et il serait encore plus difficile pour un nombre certain d’entre nous de trouver du boulot. Déjà que les conditions de recherche d’emploi se dégradent et avec elles les conditions d’indemnisation…
Je rappelle à toutes fins utiles que l’indemnisation du chômage n’est pas un cadeau que nous fait la collectivité dans sa grande mansuétude. Nous nous sommes battus pour cela, nous avons payé au travers des cotisations sociales part salariales, pendant que les patrons n’ont de cesse que de réduire leur contribution à ce système solidaire. L’indemnisation de la période de non emploi, nous la finançons nous-mêmes, c’est du salaire différé. Las, pouvoir en bénéficier devient un tel casse-tête que certains se suicident, acculés qu’ils se considèrent à ce mur que j’évoquai en introduction.
Voilà… Je vais à présent me rappeler au bon souvenir de mes « réseaux », sachant pertinemment que la politique te ferme plus de portes qu’elle ne t’en ouvre.
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Bonus vidéo : Haine Brigade « Vivre pas survivre »