Je suis en train de lire et d’admirer les multiples dessins du très beau livre, carnet de rencontres « Paysannes », réalisé par les Carnettistes Tribulants.
Ce livre est un recueil de portraits de 19 agricultrices.
Coline Serreau (réalisatrice engagée) a rédigé la préface et son texte est magnifique. Aussi, je ne résiste pas au plaisir de vous en proposer un extrait :
« Dans les fermes, l’écologie ne peut être une histoire de mode ou d’opportunisme. Sous la somme des travaux quotidiens, des prévisions et de l’organisation, des aspects techniques et des réglementations, les femmes, qui partout dans le monde sont dans les champs ou sur les marchés, ont aujourd’hui des paroles à semer, des visages, une détermination. Leur révolte, leur résistance deviennent, dans un contexte ou l’urbanité et la facilité sont la norme, des leviers importants pour espérer retrouver une ruralité plus heureuse.
Entre rêve et réalité, racines et vents, dedans et dehors. Il y a comme une oscillation. Au théâtre, au cinéma, dans la publicité ou la presse, l’image des paysannes peut être séduisante, compatissante, quelque chose de joli...L’image des paysannes peut aussi être condescendante, misérabiliste. Comment la dessiner simplement ? La tâche est difficiles pour elles, qui s’emploient à produire, préserver et cultiver. Elle ne souhaitent pas être les faire-valoir d’artistes, de journalistes ou d’organisations agricoles. Cet ouvrage est fait de rencontres, de conversations, comme des porte entrouvertes qui donneraient sur des pièces très différentes les unes des autres, décor ou usage. Ces femmes ne se ressemblent pas et si elles évoquent souvent les mêmes préoccupations, leur diversité reflète la diversité des dessinateurs, et réciproquement.
L’engagement des femmes en agriculture n’est pas récent. Mais ce qui est actuel, c’est qu’elles peuvent et osent, d’un continent à l’autre, se rencontrer et qu’elles connaissent souvent bien les enjeux liés à leur profession. Mais en agriculture, le patriarcat a la vie particulièrement dure.
La Journée Mondiale des Femmes Rurales, pour symbolique qu’elle soit, décale le féminin non pas du côté d’une revendication mais d’une valorisation de l’activité des paysannes, de leur lien à la terre et à la campagne, de leur force et de leur intelligence. Elle rend hommage à toutes les femmes du monde qui contribuent, alors qu’elles figurent dans certains pays parmi les plus pauvres, à nourrir les appétits des plus riches et des plus avides."