Le premier poème est d’une force incroyable. La chanson de Barbara (« Nantes ») me vient aussitôt en tête. Mais le travail des mots ne me laisse pas tranquille, et, surtout, il y a cette prière, ce verbe : infinir. Et tout dans ce recueil vous prend le cœur, les souvenirs, les angoisses aussi, puisque mon père est mort depuis longtemps, et que ce n’est pas à sa mort que je pense. Ce n’est pas seulement de comprendre « qu’il était trop tard » quand on arrive ; c’est de faire resurgir les jeux d’enfants (tu fermes bien les yeux et bouh) et puis de savoir que je n’écrirai plus à mon père avec cette main de la même couleur que la main à mon père…
Et quand on a fini ce recueil, il ne faudrait pas passer trop vite à ce Neige rien où les mots disloqués le sont parfois un peu trop systématiquement, artificiellement. Peut-être la répétition d'un « Mon Dieu que n'ai-je Mon Dieu que n'ai-je » dans une chanson de Benjamin Biolay est-elle pour quelque chose dans mon appréciation. Et pourtant, ici, il y a ce bleu qu’il faut qu’elle pense à lui toujours, des images inattendues, des flocons, l’imperceptible, l’instant suspendu.