Au Mali, le conflit prend une tournure de règlement de comptes: les exactions des militaires maliens – représailles, chasse à l’homme, conflit ethnique, … – se multiplient contre les personnes soupçonnées d’appartenance et d’intelligence avec les groupes islamistes armés qui avaient conquis le nord du Mali.
On ne pourra pas dire que la France n’était pas prévenue de l’imbroglio dans laquelle elle s’embarquait. Reste maintenant à agir sérieusement et empêcher un véritable nettoyage ethnique contre les populations du Nord Mali.
Les accusations d’exactions contre l’armée malienne se multiplient depuis le début de l’opération française Serval, le 11 janvier dernier, dans la presse, de la part d’ONG (Human Rights Watch, Amnesty International, Fédération internationale des droits de l’homme) et des communautés arabes et touareg.
Ces deux ethnies sont surnommées «peaux blanches» par la population noire majoritaire, qui les accuse souvent d’être
«tous des terroristes» et mène aussi, par endroits, des représailles ethniques sans discrimination.Dès septembre dernier, une élue du Nord avertissait déjà, pleine de hargne : « Les Noirs se vengeront des Blancs, de ces Touaregs et de ces Arabes par qui le mal est arrivé. Ils se vengeront des Touaregs indépendantistes du MNLA qui nous ont causé tous ces problèmes en amenant les djihadistes avec eux et de tous ceux qui se sont alliés aux islamistes étrangers ».
Les ONG parlent de «graves abus», dont des meurtres, dans et autour de la ville de Niono (ouest), d’«une série d’exécutions sommaires» près de Mopti et Sévaré (centre), où sont également rapportées des «violences sexuelles contre des femmes», et dans d’autres localités dans «les zones d’affrontements». Un journaliste de l’AFP a pu voir quatre «peaux blanches», à Gao et Tombouctou, à 900 km au nord-est de Bamako, portant des traces de torture : brûlures de cigarettes, à l’électricité, à l’acide, os brisés, marques de coups et de strangulation, balles dans le corps, violences sexuelles.
L’ARVRA, Association des Réfugiés et Victimes des Répressions de l’Azawad a fait parvenir à Siwel, une agence Kabyle d’information, un bilan macabre des exactions de l’armée malienne qui réoccupe le territoire de l’Azawad dans le sillage de l’armée française.
Ci-dessous son communiqué:
Association des Réfugiés et Victimes des Répressions de l’Azawad
ARVRA
200 exécutions extrajudiciaires de civils azawadiens par l’armée malienne depuis le début de l’intervention française !!!
L’armée malienne a exécuté et, ou enlevé plus de 200 civils majoritairement Touaregs et Maures entre le 11 janvier et le 15 février 2013 dans le sillage de l’intervention française. Ce chiffre est 15 fois supérieur au nombre d’exactions commises par les forces maliennes au cours des trois mois qu’ont duré les affrontements entre le MNLA et l’armée malienne (janvier à mars 2012).
Les exécutions extrajudiciaires, les assassinats, les meurtres et les enlèvements de touaregs, maures, peuls et songhaïs se produisent de façon flagrante, souvent de jour, et en présence de témoins. Les soldats, en opérations, violent, volent et pillent publiquement les biens appartenant aux communautés sus mentionnées et dans certains cas supervisent les actes de vandalisme par les populations noires restées sur place. Ainsi que le relatent les reportages de scènes de pillages publics sous l’œil bienveillant des militaires maliens le jour by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance">suivant l’arrivée des français à Tombouctou. De nombreux témoignages font de centaines de têtes de bétail enlevé dans la zone du Gourma par les militaires maliens et convoyé sur Sevaré.
Tous ces actes se déroulent dans les localités reprises par les forces françaises après leur rétrocession à l’armée malienne, celle-ci étant incapable de circuler toute seule sans la protection des soldats français. Il en est ainsi à Konna, Sévaré, Niono, Diabali, Douentza, Gossi, Gao, Léré, Goundam, Tombouctou….
Pas plus tard que dans la journée du 15 février les soldats maliens ont exécuté plus d’une vingtaine de personnes à divers endroits dans la région de Tombouctou : Léré, 12 touaregs, 3 personnes à Echel, près de Tonka, 9 personnes dont 6 d’une même famille à Tintaboraghen, au sud de Tombouctou).
ARVRA (association des réfugiés et victimes des répressions de l’Azawad) tient à disposition la liste, les lieux ainsi quelques témoignages sur ces violations flagrantes et massives des droits humains.
Par conséquent, l’association exprime sa vive préoccupation ainsi que sa stupeur face au silence assourdissant des autorités Françaises et maliennes dans le massacre des populations civiles innocentes depuis le 11 janvier 2013. Nous rappelons que ces populations ont vécu sous le joug des forces obscurantistes et subi leurs exactions.
Si la lutte contre le terrorisme, est une guerre juste, elle ne peut cependant pas occulter tous ces crimes de guerre, crimes contre l’humanité, voire de génocide.
Il est urgent que les organisations des droits de l’homme, Les Nations Unies, l’Union Africaine, la CEDEAO et particulièrement, les autorités Maliennes et Françaises prennent leurs responsabilités en exigeant la cessation immédiate des exactions contre d’innocentes populations civiles.
Nous exigeons de la France d’interpeller, sans délai, directement et officiellement, le Mali afin que ces massacres cessent et que les auteurs soient arrêtés. La présence de soldats français sur le terrain laisse croire que cela est possible, nécessaire et indispensable.
Nous interpellons, la CPI, en particulier, la Procureure générale, à faire preuve de diligence et d’impartialité en interpellant les autorités de Bamako et en ouvrant une enquête.
16 février 2013
Abdourahmane AG Mohamed Elmoctar
Président ARVRA
Sources: Le Monde – Siwel, merci à Trankiloo
A voir: Reportage d’ »Envoyé Spécial » du 7 février 2013 à propos des exactions de l’armée malienne
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