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Le barbier de Séville: Castigat ridendo mores

Publié le 10 avril 2008 par Shalinee
Le barbier de Séville: Castigat ridendo mores

  « J’ai toujours été trop sérieusement occupé pour chercher autre chose qu’un délassement honnête dans les lettres », écrit Beaumarchais, qui désacralise le théâtre pour en faire une source et denrée de joie, à l'image de sa propre vie allègre et mouvante. L’intrigue du (le) barbier de Séville est simple et unique, obéissant aux règles classiques de l'unité de lieu, de temps et d’action: Le comte Almavida, épris de Rosine tente de l’arracher de l’emprise de son vieux tuteur, Bartholo, grâce à l’aide de son ancien valet, Figaro, personnage picaresque très éloquent possédant une philosophie gaie. Suivant cet énoncé de l’auteur citée plus haut, cette comédie bourgeoise haut en couleur apparaît donc comme une incitation au plaisir théâtral, qui passe à la fois par le langage : les jeux de mots, les quiproquos dans le ton de la commedia dell’arte, l’ironie et les mots à double sens (figures de style caractéristiques des comédies) – mais également par une prépondérance des didascalies qui illuminent les gestes, les costumes et les éléments du décor. Une telle mise-en-scène donne donc à la pièce une vivacité et une joie qui ont comme fonction de faire rire le spectateur – rire qui toutefois n’est pas gratuit.

 

En effet, malgré les scènes burlesques très présentes dans cette pièce, l’auteur dénonce subtilement les maux de sa société et défend une position ferme tout en faisant rire le public, ce qui n’est pas nouveau dans le théâtre du dix-septième siècle. Rappelons-nous notamment de Molière qui « châtiait les moeurs en faisant rire le publique » avec ses nombreuses pièces : l’école des femmes notamment, dont s’est inspiré le barbier de Séville. Ainsi, ce que l’auteur ne peut pas exprimer ouvertement à cause de la Cabale et de la Censure, il le dénonce à travers ses personnages et un langage divertissant qui parvient à déguiser un anticléricalisme très virulent, une dénonciation des injustices relatives à l’hiérarchie (relations maîtres-valets) et les unions forcées entre autres.

 

Pour finir, je vous laisse méditer sur une belle citation de Molière en ce qui concerne le plaisir de lire une pièce de théâtre, destinée au préalable à une représentation visuelle : « On sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. » En effet, il suffit de faire appel à son imagination pour apprécier la lecture d’une pièce de théâtre, si on n’est pas dans des considérations littéraires comme moi.

 

 


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