Jacco Gardner - Cabinet Of Curiosities (2013)

Publié le 18 février 2013 par Oreilles
Une petite virée hype dans les tréfonds de l'esprit tourmenté de Syd Barrett, ça vous dit ? Revenu aux affaires sous les traits d'un frêle et discret batave -comme Outsiders, comme Q65, chouette !- il est difficile en effet de ne pas songer au lunatic des soirées art-school psychédéliques londoniennes, à l'écoute de ce debut.
Pour l'esprit et le parti-pris rêveur mais aussi et notamment sur "The Ballad of Little Jane", où le phrasé est absolument identique.
Comme c'est souvent de mise, il faudra s'attendre à bouffer de ce jeune hollandais. Ce disque est parti pour faire le buzz des Inrocks, Télérama, de partout ; comme on bouffa naguère des hipsters surfaits de MGMT. Mouais......
Il est préférable d'évoquer au sujet du jeune Jacco Gardner qui lui aussi compose et joue de tout, une sorte de version néerlandaise de Kevin Parker des Tame Impala, qui dans une version plus éthérée et moins saturée, aurait pu s'enticher de ces délicats entrelacs de guitare et giclées de Mellotron flûte et violons.
S'il ne s'était fourvoyé pitoyablement dans le disque bobo dépourvu de chansons de Melody's Echo Chamber, abominable et interminable fourre-tout vaguement rétro, qui a mis votre serviteur très en colère !
Ici, il sera bon de regretter oui ! les basses Hohner pincées de Stereolab ou de Broadcast, on ne se privera pas de louer la Leslie du choeur de "Summer's Game", le clavecin présent un peu partout, car cette fois, les chansons sont bien au rendez-vous : de "Clear the Air" où Syd -impossible de ne pas l'avoir constamment en tête- se serait invité sur le tapis musical et chatoyant jadis déroulé par Air, "Cabinet of Curiosities", curieux et perturbant instrumental, "The One Eyed King", très beau morceau baroque, à peine plus enlevé que les autres, la douce valse "Watching The Moon", l'ensorcelante "Puppets Dangling", j'en passe et des aussi brillantes.
Alors c'est vrai que l'on pourra justement renâcler à une certaine uniformité due à l'obsession vintage du bonhomme, un ensemble où parfois se distinguent difficilement certaines chansons entre elles, un timbre de voix peut-être encore trop prisonnier de la production pour véritablement s'affirmer.
On ne boudera cependant pas notre plaisir à écouter de vraies chansons, finalement un des seuls plaisirs véritables ces jours-ci !
En bref : il a 20 ans, est hollandais et joue de tout. Jacco Gardner gagnera à affirmer une personnalité pour l'heure encore empreinte de Roger le fou ; mais on ne manquera pas de  saluer le coup d'essai pop nostalgique. Et revenir en deuxième semaine pour mesurer les progrès accomplis.
Le clip de "Clear the Air" :

"Puppets Dangling":