Le 27 février 2013 se tiendra une intéressante lecture au Sénat d’une proposition de texte de loi comme il en fleurit parfois alors que l’actualité syndicale et sociale du pays devient plus tendue. On s’étonnera du peu de publicité reçue à ce projet, au contraire d’autres (comme le mariage homosexuel ou le vote des étrangers). Pourtant, on sent derrière ce projet une vraie volonté de faire progresser le débat social en France…
Magie de l’internet, le projet de loi est consultable en ligne à cette adresse. Le titre est assez évocateur et permet de bien situer l’action :
Proposition de loi portant amnistie des faits commis à l’occasion de mouvements sociaux et d’activités syndicales et revendicatives
Oui, vous avez bien lu et je l’espère bien compris : il s’agit d’un projet de loi déposé par les sénateurs visant à amnistier de façon assez large les exactions commises lors de mouvements sociaux, grèves, prises d’otages et séquestrations citoyennes de patrons, les mises à sac participatives d’entreprise, les détournements syndicaux engagés de matériel ou d’argent, bref, toutes ces petites péripéties amusantes qui règlent la vie syndicale et ouvrière en France.
Bref : les braves sénateurs, estimant que l’action collective est « un droit inhérent à toute démocratie », se sont fendus d’un nouveau texte de loi histoire d’encadrer ces opérations syndicales revendicatives (mais bon enfant, hein), texte qui propose d’« amnistier les faits commis à l’occasion de mouvements sociaux et d’activités syndicales ou revendicatives ainsi qu’à l’amnistie des sanctions disciplinaires. » À partir de là, la distribution de bisous peut commencer.
Mais avant, penchons-nous rapidement sur le cas des deux sénatrices qui sont à l’origine de ce projet : il s’agit de Annie David et Éliane Assassi.
La première, Annie David, est une ancienne du Parti Communiste, et bien évidemment, fut délégué CGT chez Hewlett-Packard, ce qui montre de façon limpide que, contrairement à l’indication pourtant claire que ce genre de penchants politiques plus que douteux laisse sur l’intelligence de la personne, on peut très bien parvenir au poste de sénateur avec un tel passif. La seconde, Éliane Assassi, a elle aussi fricoté sans la moindre honte avec ce parti dont l’idéologie mortifère a provoqué directement la mort de millions d’individus, qui cautionne sans sourciller les agissements inhumains des dirigeants nord-coréens, adoube avec bonheur la dictature castriste, et envoie moult bisous humides vers un dirigeant vénézuélien qui ruine tous les jours un peu plus son pays.
Le dépôt d’un tel projet de loi par ces deux communistes patentées n’est évidemment pas une coïncidence : elles sont au courant, de façon directe ou indirecte, de la tendance générale qui se profile en France, celle qui consiste à des mouvements sociaux de plus en plus violents. Et pour le coup, ce n’est même pas moi et mon pessimisme habituel qui le dit, mais bien le ministre de l’Intérieur qui n’avait pas compris que, devant un gros micro mou, il faut toujours bien faire attention à ses déclarations.
On apprend en effet que Manuel Valls s’est très récemment inquiété des risques d’implosions ou explosions sociales et a même lâché, sans trop se faire prier, que ses services étaient mobilisés pour éviter tout débordement lors de mouvements sociaux. Si cela a le mérite d’être assez clair, cela montre aussi qu’au contraire de certains clowns parfaitement déconnectés de la réalité de cette France d’en-bas qu’ils ne fréquentent plus depuis longtemps, certaines personnes, au Ministère de l’Intérieur, ont bien compris qu’il ne faudrait probablement pas grand-chose pour que la situation générale dans les entreprises en difficulté échappe rapidement aux forces de l’ordre.
Ce qui, auparavant, était une impression, un sentiment de ras-le-bol, prend soudain corps avec la tirade d’un Valls un peu gêné de constater, finalement, que la réalité est encore moins bisou que ce qu’il imaginait :
« La colère sociale, avec les conséquences de la crise économique et financière, la précarité, le chômage, les plans de licenciements, elle est là, elle gronde depuis des années. »
En clair, les services de renseignement de la police ont récemment reçu comme instructions de suivre les entreprises en difficulté et d’anticiper l’éventuelle radicalisation (lire : départ en sucette) des mouvements sociaux. Évidemment, cette nouvelle a fait dresser quelques cheveux sur la tête de plus d’un syndicaliste prêt à en découdre contre le méchant capital, ce qui a obligé le pauvre Manuel à sortir de sa rêverie lucide qui l’avait amenée à cacher de telles informations, et à enrober ses dernières déclarations dans une bonne couche de xyloglotte qu’il maîtrise plus ou moins bien.
Mais si l’on couple cette information avec la précédente proposition de loi pour dédouaner généreusement les syndicalistes qui démonteront leurs outils de production avec tact et doigté (et dans l’exercice normal et démocratique de leur droit de grève), si l’on ajoute le désir de plus en plus ardent de traquer même les plus petits mouvements de fonds en liquide avec l’abaissement de la limite autorisée à 1000€, on commence à avoir une idée assez précise de ce qui se trame doucement dans la Socialie Française de 2013 / 2014, et ce n’est pas très joli à voir.
Bien sûr, le pire n’est pas inévitable. Mais à l’évidence, quelques uns se préparent déjà à des périodes tumultueuses, quand d’autres font tout pour y parvenir, certains de façon inconsciente, d’autres sciemment. Je ne sais pas si ces préparatifs serviront, ou si le chaos l’emportera. Je ne sais pas si les sénateurs ont bien conscience du néfaste blanc-seing qu’ils veulent ainsi signer, mais je sais que, quoi qu’il arrive et devant ces éléments qui s’accumulent, ce pays est foutu.