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Les perroquets

Publié le 18 février 2013 par Toulouseweb
Les perroquetsVoici venue l’heure des UVS. George Orwell a gagné !
C’est une révolution technique qui se déroule sous nos yeux, dans l’indifférence : les drones, UAV et autres UCAV sont en train de prendre le pouvoir. Ils vont violemment bousculer militaires et civils, changer du tout au tout la maničre de concevoir le renseignement et déstabiliser nos vies. Exagération journalistique ? Allez plutôt sur un site de vente ŕ distance, Amazon ou Rue du Commerce, par exemple. Vous y trouverez, notamment, le quadricoptčre Parrot AR Drone 2 (de conception française, comme ne l’indique pas son nom, notre illustration), piloté par Smartphone ou tablette. Ce petit engin de 380 grammes, proposé ŕ moins de 300 euros, transmet en direct photos et vidéos. ŤDécouvrez la Terre vue d’en haut !ť, dit le slogan.
C’est une proposition parmi beaucoup d’autres. Il suffit de surveiller les soldes pour repérer, autre exemple, un mini hélicoptčre birotor doté d’une caméra, soldé ces jours-ci ŕ 45 euros, frais de livraison compris. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, trop occupé par le brűlant dossier malien et la préparation chaotique du nouveau Livre Blanc, ne consacre sans doute pas suffisamment de temps ŕ Internet. Sans quoi il passerait commande sans plus tarder de mini UAV capables de combler notre retard en matičre de moyens modernes de renseignement.
Dans le męme temps, les bons citoyens que nous sommes vont y perdre le sommeil. Déjŕ, tables d’écoutes mises ŕ part, nous étions littéralement poursuivis, géo-localisables ŕ tout instant par Orange, SFR, Free et leurs amis. Google a fait le reste, mettant ŕ la portée de tous la vue aérienne de notre maison, de notre jardin, de notre piscine. Et, bien sűr, la photo de notre rue. Mais, cette fois-ci, une étape nouvelle est franchie, peut-ętre la plus importante depuis les premičres envolées des frčres Wright. Pour 50 euros, il nous est désormais possible de jeter un coup d’œil par-dessus la haie du voisin, voire de regarder ce qui se passe dans son séjour. A part le coup dur que constituent ces Ťprogrčsť pour les terroristes de tous bords, qui ne sont plus ŕ l’abri de rien, nous sommes mal pris.
Commençons par nous entendre sur les termes ŕ utiliser et retenons, honneur aux anglicismes, ŤUVSť, Unmanned Vehicle System. C’est facile ŕ retenir, neutre ŕ souhait et, de toute maničre, il est déjŕ trop tard pour proposer un autre néologisme. Comme d’habitude, nous sommes pris de vitesse par les Américains. UVS convient trčs bien : le vocable Parrot peut englober tout ŕ la fois le petit quadricoptčre Parrot (le perroquet qui répčte tout), l’élégant nEUROn de Dassaut Aviation et ses partenaires, les imposants Global Hawk et Predator. Ou encore l’extraordinaire Solar Eagle que prépare Boeing, dont le concept est visiblement inspiré du Solar Impulse, et qui devrait entamer ses essais en vol dans le courant de l’année prochaine. Pour aller ŕ l’essentiel, il regardera les choses de haut (de 20.000 mčtres d’altitude) et pourra tenir l’air …pendant 5 ans.
Les problčmes qui sont posés sont tout simplement incommensurables. D’un point de vue technique et opérationnel, tout d’abord, il s’agira d’insérer dans l’espace aérien un nombre croissant, ŕ terme considérable, d’appareils pilotés ŕ distance, et pas nécessairement confiés ŕ de grands professionnels. D’oů la décision de la Federal Aviation Administration, en un premier temps, de délimiter des sites réservés aux essais des UVS, proposition formulée la semaine derničre. Mais ce n’est lŕ qu’un premier pas timide, et qui ne concerne que les Etats-Unis.
Sur le plan de l’éthique, les notions de respect et de protection de la vie privée sont chamboulées, les réglementations sont ŕ inventer et leur respect a priori aléatoire. D’autant que, militaires mis ŕ part, les UVS comment ŕ trouver des applications nombreuses dans la police, le contrôle des frontičres et la lutte contre l’immigration clandestine, la surveillance au sens le plus large du terme, oléoducs, gazoducs, lignes ŕ haute tension, etc. L’agriculture y trouvera certainement son compte, quel que soit l’apport du secteur spatial. De toute évidence, nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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