La spéculation sur les denrées alimentaires, le jeu de la faim, fait grimper le prix des produits alimentaires aux dépens des plus pauvres. Rien qu’au second semestre 2010, ce sont 44 millions de personnes dans le monde qui se sont retrouvées en situation d’extrême pauvreté en raison de cette hausse des prix.
Les banques, les hedge funds et les fonds de pension font des immondes paris sur les prix alimentaires sur les marchés financiers, ce qui provoque les fluctuations de prix drastiques dans les aliments de base comme le blé, le maïs et le soja.
De fortes augmentations des prix des denrées alimentaires sont catastrophiques pour les personnes en situation de pauvreté dans les pays du Sud comme du Nord, qui doivent consacrer ainsi la plupart de leur revenu à l’alimentation. Cela se traduit par:
- l’augmentation de la faim du fait que la nourriture devient inabordable.
- la malnutrition en raison des carences alimentaires dues à l’absorption de trop petites quantités d’aliments coûteux, tels que les fruits et les légumes
- une pression accrue sur les femmes qui pour gagner plus d’argent, doivent opter pour un emploi à risque comme la prostitution ou le travail domestique.
- la paupérisation des ménages qui doivent entamer leur épargne, s’endetter ou vendre des biens pour payer la nourriture.
- Le manque de soins et d’éducation car une part plus importante des revenus est consacrée à l’achat d’aliments de base.
Pour 2013, la situation devrait être redoutable en raison de la sécheresse aux Etats-Unis qui devrait faire flamber les prix des céréales rapidement.
Toujours est-il que selon l’ONG World Development Movement, a annoncé mardi 12 février que la banque Barclay’s par la voix de son PDG Antony Jenkins mettait fin à la spéculation sur les denrées alimentaires , pratique selon lui, désormais «incompatible avec ses objectifs ».
La décision est importante car jusqu’à présent, Barclay’s occupe la première place dans la spéculation sur les denrées alimentaires. La banque a ainsi réalisé près de 500 millions de livres en spéculant sur les denrées alimentaires en 2010 et 2011.
Mais Jenkins n’a pris aucun engagement à changer la politique spéculative de la banque sur d’autres produits , comme le pétrole, dont le prix a un effet d’entraînement sur les prix alimentaires.
Le jeux de la faim ne sont donc pas fini et permettent de maintenir d’une certaine façon sous « contrôle » les pays du Sud dépendant pour leur survie d’un Nord opulent qui, à bien des égards, est responsable de ces malheurs
Les émeutes de la faim se rappellent régulièrement à notre bon souvenir et cela est d’autant plus aberrant que pour éradiquer la faim dans le monde, il suffirait de seulement 30 milliards de dollars par an. En comparaison, le budget militaire de base du Pentagone est de 533,7 milliards de dollars pour l’exercice 2010, le marché de la publicité dans le Monde avoisine les 500 milliards de dollars et celui des armes les 1200 milliards de dollars.
Jean Ziegler a raison de dire que « ceux qui laissent mourir les enfants – en effet, un enfant meurt de faim toutes les six secondes- sont des criminels »
Barclay’s fait un pas, certes, mais on est si loin du compte…
Source: World Development Movement (en anglais)
A voir: Jean Ziegler est l’invité de Bourdin pour présenter « Destruction massive », livre dans lequel il dénonce les monopoles des multinationales de l’agroalimentaire mais aussi les marchés financiers où la spéculation aggrave la famine dans les pays pauvres.
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