France: 42 000 décès par an dus à la pollution

Publié le 17 février 2013 par Eldon

Et pourtant on n’entend parler que des décès dus aux accidents routiers.

En plein débat sur le budget européen, la France va être condamnée par Bruxelles à payer une très lourde amende pour non-respect des normes de pollutions atmosphériques. Cas isolé ou pas, notre pays a encore des progrès à faire.
Un article d’Atlantico

Atlantico : La France va être condamnée à payer de lourdes amendes pour non-respect des normes de pollution de l’air. Quel niveau atteint la pollution atmosphérique en France ? Quels en sont les principales causes ?

Pierre Souvet : Avant tout je voudrais revenir sur les propos complètement faux de monsieur Mariton qui a prétendu que la pollution atmosphérique française venait essentiellement du chauffage au bois et non pas du parc automobile diesel. Je n’ai pas vraiment l’impression que le chauffage au bois soit à ce point développé qu’il engendre un taux de pollution de 18 microgrammes par mètre cube dans des villes comme Marseille ou Paris. Il est bien évident que cela est dû à plus de 50% à la consommation de diesel et à la structure de ces villes. En France, le chauffage au bois est essentiellement réservé aux campagnes et encore cela reste peu développer mais dans les villes l’absence de cheminées rend la chose impossible. De plus, même quand ça l’est cela devient rapidement irrespirable comme en a fait les frais la ville de Montréal il y a quelques temps. Ce n’est donc pas cela qui fait que l’espérance de vie marseillaise ait baissé de 7, 5 mois et celle à Paris de 7 mois comme le montre très clairement l’étude de l’American College of Healthcare executives (www.ache.com).

La situation française se démarque-t-elle à ce point de celle de ses voisins européens et des autres grandes économies du monde ?

Que ce soit chez nos voisins européens ou en dehors du continent, on trouve des situations pires mais on trouve aussi des situations meilleures que la nôtre. Toujours selon l’étude de l’ACHE, la ville référence serait Stockholm en terme de respect des normes recommandées par l’OMS tandis que la ville de Bucarest serait l’une des pires puisque la baisse de l’espérance de vie atteindrait deux ans. Ce qui est certain sur la situation française c’est que nous ne respectons pas ces normes et que cela nous coûte 240 000 euros par jour en plus d’une amende de plusieurs millions. Ce n’est pourtant même pas ce qui nous coûte le plus cher, le vrai fond du problème est la création d’une pollution chronique et donc d’une chronicité des maladies cardio-vasculaires qui ton augmenté ces dernières années de 13 à 15%.

En dehors de l’Union Européenne, les pires situations se trouvent bien évidemment dans les grandes mégalopoles asiatiques et plus particulièrement en Chine dont la situation à Pékin et Shanghai sont absolument dramatique. Il y a quelques semaines, le niveau de pollution pékinois a atteint 900 microgrammes par mètre cube d’air (le niveau conseillé par l’OMS est de 10 microgrammes par mètre cube d’air, ndlr). Cela est en bonne partie dû à la forte augmentation du trafic automobile mais surtout à la présence d’une très grande activité industrielle à proximité de ces villes. On trouve ce genre de choses – sans commune mesure avec les chiffres chinois – dans les grandes zones industrielles françaises telles la couronne de Rouen et les pourtours de l’étang de Berre. Ainsi, j’en reviens à mon argument premier qui est de dire que le niveau de pollution français est essentiellement dû au parc automobile diesel dans les villes françaises puisque nous avons éloigné notre activité industrielle depuis longtemps, que nous ne nous chauffons que peu au bois et que je n’ai pas l’impression que les Français brulent des feuilles à tous les coins de rue. Cela est d’ailleurs prouvé par une récente étude d’Airparif. Les chiffres gouvernementaux quant à eux manquent bien souvent de réalisme puisqu’ils correspondent à des moyennes qui comprennent le niveau de pollution la nuit, bien plus faible, et des zones vertes. L’ensemble donne des chiffres qui ne correspondent pas au véritable taux de pollution d’une rue canyon à Marseille.

Quelle sont les conséquences de cette pollution sur le plan sanitaire ? Existe-t-il des symptômes typiques de notre pays que l’on ne retrouve pas nécessairement ailleurs ?

Les conséquences sanitaires sont les mêmes partout, c’est la proportion de malades qui change. On constate à court terme l’apparition de graves symptômes cardio-vasculaires et d’infarctus mais aussi de développement de maladies chroniques au niveau coronarien, des bronchites chroniques, des apparitions d’asthme  chez l’adulte et chez l’enfant. De nombreux cancers sont également dus au niveau de particules fines dans l’air car celles-ci agissent des millions de petits chevaux de Troie qui passent la barrière respiratoires voire sanguines après avoir fixé, absorbé, sur elle tous les produits toxiques de l’air, les pesticides, les pollens, les métaux lourds et autres.

Les solutions mises en œuvre semblent donc insuffisantes voire inefficaces. Comment mieux faire ?

A court terme, l’une des solutions est bien évidemment d’interdire les centres villes aux véhicules les plus polluants mais il faut pour cela mettre en place une véritable politique de transports en communs afin de ne pas ghettoïser les personnes n’ayant pas les moyens d’acheter des véhicules peu polluants. Par contre bien évidemment, le gouvernement ne peut pas interdire à la fois les véhicules trop polluants et augmenter la TVA sur les transports en commun, ça n’a aucun sens et c’est contre-productif.

A plus long terme, faire baisser la pollution atmosphérique passe par une véritable réforme de la fiscalité du diesel, des campagnes de sensibilisation et l’accompagnement des constructeurs dans le sens d’un arrêt de la production de ces véhicules qui dégagent des particules fines. Cependant, il faut arrêter de culpabiliser les gens et de leur faire croire qu’ils sont des criminels quand ils utilisent leurs véhicules alors qu’on leur a dit pendant des dizaines d’années que le diesel était  bon pour la France et ne polluait pas. Ce n’est pas comme cela que l’on créé une logique positive.

Source: Atlantico