Dans une pièce un brin didactique à l'efficacité théâtrale relative, l'ancienne sociétaire du Français campe avec ferveur cette institutrice-écrivain-militante anarchiste de la fin du XIXème. Sa prestation mérite le déplacement.
S'inspirant de la vie et des "Mémoires" de Louise Michel, Georges Dupuis a imaginé un dialogue entre la révolutionnaire et son médecin (elle passa les vingt dernières années de sa vie avec une balle dans le crâne reçue d'un déséquilibré). Des consultations thérapeutiques qui se transforment rapidement en rencontres amicales et joutes intellectuelles, évoquant les moments clés de son existence et de son action politique. L'écriture est appliquée, la forme des plus classiques, sans surprise mais de bonne tenue. Disons qu'on aurait pu concevoir fiction plus captivante pour raconter l'Histoire. Si le personnage du docteur Pelletier n'est pas d'une grande épaisseur, servant logiquement de faire valoir, d'intervieweur, l'auteur a pu toutefois sans difficulté nourrir "sa" Louise, aux combats nombreux et à la personnalité prononcée.
Dans le rôle de Pelletier, Georges Dupuis fait donc ce qu'il peut avec ce qu'il s'est écrit. Et le fait plutôt bien. Très à l'écoute de sa partenaire, il dévoile une appréciable finesse de jeu. Bérengère Dautun pour sa part fait preuve d'une prestence et d'une énergie superbes. Quel tempérament ! Voix qui en impose, débit impressionnant, diction impeccable... Elle habite intensémment et passionnément son personnage. C'est un bonheur que de la voir s'emporter, s'insurger...
Au coeur d'une scénographie modeste mais joliment éclairée, Yves Pignot dirige et guide intelligemment les deux acteurs pour que le débat d'idées n'occulte jamais la complicité réelle des protagonistes ni l'affection profonde qu'ils finissent par éprouver l'un pour l'autre. Travail soigné.
Alors pourquoi pas.
"Dans le regard de Louise", au Théâtre du Ranelagh jusqu'au 4 mai.
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Photo : Benjamin Dumas