Si vous comptez parmi les personnes qui ferment les yeux et agrippent leurs accoudoirs au moment du décollage, il vaut mieux ne pas aller voir ce film. Fuyez-le, comme fuit la réalité son héros (en anglais, le mot flight signifie à la fois vol et fuite), magnifiquement interprétée par Denzel Washington.
C’est un pilote de ligne, attaché à une compagnie régionale pas très regardante sur les opérations de maintenance ni sur la santé de ses collaborateurs. Car le captain Whip Whitaker est un alcoolique sévèrement campé dans le déni, qui dessaoule à l’aide de cocaïne. Au matin du vol qui commence cette histoire, il a passé une nuit blanche en compagnie de l’une de ses hôtesses, versé force mignonettes de vodka dans son jus d’orange en guise de petit déjeuner, sniffé deux rails de poudre.
Le décollage commence par un orage tempétueux, et soudain, alors que l’avion est parvenu à percer la couche de nuages, c’est la chute, le plongeon en piqué, l’avion est ingouvernable. Whip, impressionnant de calme et de maîtrise de soi – mais n’est-ce pas un effet des stupéfiants, justement ? - parvient par miracle à sauver l’essentiel des passagers en réalisant une manœuvre qui permet à l’avion de se crasher sur une zone non habitée. Mais six personnes sont mortes dans l’accident et une enquête fédérale est ouverte.
Le syndicat des pilotes, la compagnie, le constructeur vont tenter de se renvoyer les responsabilités de la catastrophe. L’avocat de Whip parvient à décrédibiliser les analyses de sang calamiteuses de son client. Malgré les efforts de la belle Nicole (Kelly Reilly), une junkie repentie après une overdose. Les membres survivants de l’équipage – dont la belle Tamara Tunie que nous avons connue sous la blouse d’un médecin légiste dans une célèbre série – s’efforceront de témoigner en sa faveur. Cependant, ce seront les déclarations sous serment du commandant de bord qui comptent.
Un film d’action, réaliste, plein d’humour grâce au copain ex-pilote et dealer de choc (John Goodman), qui parle de l’addiction, du déni, de la responsabilité, de la rédemption et de la liberté. Si j’ai un peu moins apprécié les passages où l’on souligne lourdement la main de Dieu, j’ai beaucoup aimé ce film comme j’avais pleuré et ri devant A la poursuite du diamant vert, Forrest Gump, Seul au monde ou Retour vers le Futur. Du bon film américain, efficace, mais qui ne rassurera pas ceux qui ont peur en avion !