Sortie de scène de Nicolas Bedos jusqu’au 10 mars au théâtre royal des galeries

Par Bourlingueur

Avec Jean-Claude Frison, Marie-Hélène Remacle, Lisa Debauche, Damien De Dobbeleer, Frédérique Nyssen.

Mise en scène : Jean-Claude Idée

Décor : Francesco Deleo

Costumes : Ludwig Moreau

Synopsis : 

Pierre Monceau, la soixantaine, auteur de comédies à succès, a décidé de ne plus écrire ‘du théâtre digestif’ ! Il consacre son fiel à des essais polémiques et autres lettres ouvertes aux grands patrons, aux directeurs de chaînes et aux hommes politiques. La maladie lui laisse assez de souffle pour se disputer avec sa gouvernante-secrétaire-infirmière qui ne craint pas de lui répondre. L’arrivée inattendue d’une jeune nièce dépressive va obliger ce misanthrope professionnel à aller refaire un tour du côté de l’humour.

Chez Nicolas Bedos, la filiation dramatique est à chercher du côté de Molière et Anouilh.  Dans Sortie de scène, il invente des personnages de chair, avec leurs contradictions et leurs humeurs. La réplique jaillit, acérée, car il maîtrise l’art du dialogue et construit une véritable comédie de mœurs.

Critique :

Il y a des pièces qui suscitent la réflexion, d’autres la compassion, certaines apportant même quelque fois le rire. Nicolas Bedos dans une seule pièce arrive pourtant à nous emmener dans ces trois sentiments avec l’habileté des plus grands. Inspiré par Molière et Anouilh , ce spectacle en deux actes se distingue par ce franc parlé qui caractérise tant les Bedos dans un premier temps et par la compassion d’un personnage fatigué par le poids des années dans un second.

La première partie du spectacle est un vrai bento japonais, tout est cru, direct sans aucun échappatoire, condamnant fermement la société moderne prête à tout pour abrutir la population de plus en plus moutonisée. Revenir sur le passé c’est s’apercevoir que cette caste que formèrent les soixante-huitard est devenue une plaie pour la France, un fardeau de tous les jours, une gangrène qu’il serait bon d’éradiquer et non pas de respecter, un miroir sur les paroles que ces gens tenaient et le profit qu’ils en ont fait. Cette première partie sera sans doute propice au temps de la réflexion pour cette génération qui l’auteur l’espère atteindra un jour la maturité suffisante que pour se rendre compte du mal qu’ils ont créé et ce avant qu’il ne soit réellement trop tard.

Après l’entracte nous entrons dans une partie plus tendre du spectacle, une forme de compassion de l’acteur principale vis à vis du malaise engendré chez les jeunes représentés ici par sa nièce et interprété par une Lisa Debauche de toute beauté. Sa nièce représentera certainement le résultat de tant d’année de mauvaise gestion. La belle vie dans laquelle elle est plongée ne peut être qu’une façade à un profond malaise, en réalité cela pourrait également être une suite logique de l’éducation de petite bourgeoise qu’elle a reçue, ayant un profond dédain de la classe moyenne duquel une génération seulement la sépare, elle mènera à la baguette ce vieil homme peut être aigri par les années mais ayant refusé d’avancer dans la pensée unique qu’aura provoqué la génération baby boom dont il fut l’un des fers de lance durant quelques années mais duquel il sera distancié pour devenir le marginal qu’il est aujourd’hui.

Un spectacle très bien ficelé qui change des carcans habituels des théâtres bruxellois, une bouffée d’oxygène pour adepte de la libre pensée mais avant tout cinq comédiens de talent qui vous feront passer une excellente soirée dans une salle mythique au coeur de la capitale européenne.