Comme chaque année, le Secours Catholique publie son rapport statistique annuel qui permet de rendre compte de l’évolution des différentes formes de pauvreté qu’il rencontre. Cette année, nous avons choisi de porter un regard sur dix ans d’actions auprès des personnes accueillies par l’association. Dans un premier temps ce document présente une série de constats d’ordre général : niveau de vie, évolution des situations, visages de la pauvreté, puis dans un second temps nous mettons l’accent sur la situation des familles. Depuis 2001, le Secours Catholique a soutenu chaque année, près d’un million et demi de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté.
La précarité s’installe durablement et se durcit
Si un tiers des personnes rencontrées en 2001 comme en 2011 avaient déjà fréquenté les lieux d’accueil du Secours Catholique l’année précédente, elles sont de plus en plus nombreuses à être orientées par les services sociaux (50 % en 2011 vs 42 % en 2001) et à ne pas avoir connu de changement majeur de leur situation. À travers ses accueils, le Secours Catholique constate également que les situations de pauvreté ne sont plus la conséquence immédiate d’une difficulté particulière, mais le résultat de problématiques qui se cumulent (emploi, logement, santé…) et nécessitent un accompagnement des bénévoles de plus en plus long. Alors que le seuil de pauvreté est de 964 euros, depuis dix ans 68 % des ménages rencontrés par le Secours Catholique vivent dans une très grande pauvreté, avec moins de 640 euros par mois.
La pauvreté féminine augmente
Si en 2001, le Secours Catholique rencontrait autant de femmes que d’hommes, dix ans plus tard 57 % des adultes en situation de pauvreté sont des femmes. L’augmentation de la pauvreté féminine est essentiellement due à l’augmentation du nombre des familles monoparentales accueillies par l’association.
Une précarisation des familles
Le constat est sans appel, la situation des familles que nous rencontrons s’est considérablement dégradée ces dix dernières années. Entre 2001 et 2011 on note une augmentation de 6 points du nombre de familles qui ont fait appel à l’association. La crise économique a eu un effet accélérateur sur les couples avec enfants, mais surtout sur les familles monoparentales durablement ancrées dans la pauvreté, une situation qui se répercute aussi durablement sur les enfants. L’augmentation des familles rencontrées s’explique également par l’arrivée de couples avec enfants venus d’Europe de l’Est.
Les dépenses contraintes pèsent de plus en plus lourd
Les ménages en situation de pauvreté ont subi très fortement les hausses des prix des loyers, de l’énergie et des produits de première nécessité. Les chiffres du Secours Catholique indiquent notamment que la part des dépenses consacrées au logement et aux charges qui y sont liées grève fortement leur budget : 60 % des ménages déclarent avoir des impayés, liés dans 40 % des cas à des dépenses contraintes comme le loyer.