Ersatz

Publié le 16 février 2013 par Montagnessavoie
La question du jour est : tu préfères, des dents en bois, ou des jambes en mousse ?... Je paraphrase Pierre Palmade (dont vous pouvez voir le sketch ici ), simplement pour vous faire comprendre que, parfois, même s'il fait beau, choisir de sortir ou de rester à l'intérieur est un choix cornélien. Alors, tu préfères, regarder le ciel bleu avec des yeux nostalgiques en pensant que c'est mieux ailleurs, que donc, tu ne sortiras pas, vu qu'ici c'est beaucoup moins bien, et passer l'après-midi à te languir d'une destination lointaine... ... ou bien, sortir, faire comme si, et tenter de profiter d'un ersatz de nature ? ... Ersatz, c'est bien le mot. Ce fameux paysage qu'on trouve joli une fois, une fois et demie si l'on est vraiment dans de bonnes dispositions, mais qui nous indispose dès la deuxième fois, sans parler des fois suivantes, qui, d'ailleurs, ne nous verrons peut-être jamais arriver. Ce genre d'endroit où tout "ressemble à" mais n'est pas, une micro copie, un plagiat en raccourci, en rabougri. Sans parler de la populace qui peut s'y masser, gueule fermée, politesse en vacances, chaussures de ville, sans même essayer de profiter des détails, du soleil, de son reflet sur l'eau. Alors que, là-bas, tu serais seul, peinard, juste avec les cormorans au-dessus de toi et la vase dans les narines. Mais c'est sans doute parce que ces gens en sont à leur centième passage sur les lieux. Ils doivent être blasés, saoulés, rincés de se refarcir le même chemin. Ou bien, tout simplement, n'ont-ils pas le réflex de se sentir différents dans la nature. Mais alors, dans ce cas, je me pose la question suivante : pourquoi sortir ? Du coup, tu préfères, rester chez toi tout seul à regarder avec joie le ciel bleu derrière tes vitres... ... ou être entouré de maussades, de fermés de la trombine, mais être dans la nature ? ... Dur, n'est-ce pas ? Ersatz, est-ce que tu sers vraiment à quelque chose ? Est-ce qu'on s'y dégourdit vraiment les idées ? Ou bien est-ce que c'est trop riquiqui pour nous sauver, trop étroit pour ne pas nous rendre mélancolique ? Combien de temps peut-on pratiquer l'escapade dans un ersatz sans devenir fou, ou niais, idiot du genre celui qui s'extasie devant un brin d'herbe ou le vol d'une mouette (pardon, les mouettes) ? Deux solutions : soit l'ersatz nous console, nous fait attendre, comme la tétine fait attendre le nourrisson avant le lait maternel, comme les gâteaux apéritifs trop salés avant le grand banquet ? ... ... soit il nous prive, nous frustre, comme on montre un jouet à un enfant dans un magasin puis on le lui retire, comme une mini dose de drogue qui ne parvient pas à faire oublier l'orgie, comme une fenêtre par laquelle le détenu verrait les champs à l'inifini et se taperait la tête contre ses quatre murs, méthodiquement, parce qu'il n'en peut plus d'attendre, d'espérer, de rêver, de se projeter et de toujours retomber.