La genèse de ce qui devait devenir la référence ultime en matière de film d’aventures et l’une des œuvres les plus unanimement appréciées dans le monde du VIIe Art est connue, comme à peu près toutes les anecdotes qui s’y rapportent – et se contredisent parfois. On ne va pas s’éterniser sur ce fameux repas sur la plage où Spielberg et Lucas, en jeunes maîtres du monde cinématographiques, envisageaient l’inévitable succès de leurs bébés respectifs (c’était juste avant la sortie de Rencontres du 3e type) et échafaudaient des plans pour continuer à marquer de leur empreinte le monde du cinéma populaire. Ouvertement inspirée par les pulps pour ado des années 30, l’histoire développée par Lucas devait sous la direction de Spielberg prendre une tournure effrénée à l’instar du rythme proposé par l’Homme de Rio de Philippe de Broca. Un mariage aussi audacieux que logique : de l’exotisme, de l’action, de l’humour avec cette volonté permanente d’iconiser le personnage (qu’on ne découvre d’abord qu’avec sa silhouette puis ses accessoires avant de voir son visage).
Or, de l’action et de l’humour étaient déjà au menu de 1941, mais le mélange s’était avéré (au moins pour moi) plutôt indigeste. Dans quelle mesure le metteur en scène malin de Jaws a-t-il tiré des leçons de l’échec de son film de guerre parodique, c’est difficile à estimer, mais toujours est-il que les Aventuriers de l’Arche perdue est, et restera à jamais, comme un modèle absolu dans le genre. Du choix des lieux de tournage (du port sous-marin de La Rochelle aux canyons tunisiens déjà utilisés pour Star Wars – film presque jumeau d’ailleurs, tant les références et les partages de procédés abondent) à la gestion des énormes studios anglais, du casting presque idéal (la distinction britannique de Freeman sied mal à son statut affiché d’archéologue français, et il faut avouer qu’Harrison Ford est simplement parfait en baroudeur cool doublé d’un professeur involontairement sexy) à la partition très réussie (moins enlevée, moins osée que celle de 1941, mais aux thèmes immédiatement reconnaissables), tout concourt à propulser Raiders au panthéon du cinéma.
C’est surtout que tout fonctionne, des petits clins d’œil aux séquences hénaurmes, avec une seconde équipe performante (toute la poursuite en camion, avec déjà Vic Armstrong à la tête de l’équipe de cascadeurs) discrètement managée par Frank Marshall tandis qu’en coulisses, Lucas supervisait le montage, obtenant par ses soins une œuvre percutante, sans un pouce de gras, avec des transitions courtes et une exposition pertinente. Il faut saluer l’excellente synergie de production (qui, malgré les aléas de tournage, dont la célèbre dysenterie qui frappa l’équipe en Tunisie, respecta scrupuleusement le calendrier prévu) et le travail d’un Ben Burtt aux effets sonores ou d’un Ralph McQuarrie aux illustrations, et une palette de couleurs formidable rehaussée par la restauration numérique (oh là là, ce moment où Sallah et Indy sortent l’Arche de son sarcophage, tout environnés de lumière dorée !).
Reste donc un film revigorant, plein de tonus, duquel on sort avec un sourire et l’irrésistible envie de devenir archéologue (ça tombe les filles aussi bien qu’un James Bond ou un Batman, mais ça dévoile les plus profonds mystères de l’Humanité !). La version HD est bien entendu à tomber, superbe par ses arrière-plans détaillés et ses couleurs explosives (2 ou 3 plans en basse lumière sont plus critiquables, très bruités). Mais comment passer sous silence la disparition de la scène post-générique ? Le coffret blu-ray français est correct, un digipack dans un fourreau satisfaisant sur le même modèle que le Star Wars ; le choix de l’illustration de couverture est en revanche assez discutable, les illustrations intérieures sont mille fois plus belles. La VO en DTS HD-MA est orientée vers l’action, avec des basses abyssales un peu trop envahissantes qui pénalisent parfois les dialogues ou la musique : ce n’est pas le mixage que j’aurais choisi mais il ravira les amateurs de pistes qui dépotent. J’adore cependant la VF qui collait remarquablement aux personnages, même si elle était lacunaire (quelques répliques n’étaient pas traduites ou inaudibles).
Ma note (sur 5) :
4,5
Titre original
Raiders of the Lost Ark
Mise en scène
Steven Speilberg
Genre
Aventure
Production
Paramount & Lucasfilms, distribué en France par Paramount
Date de sortie France
16 septembre 1981
Scénario
Lawrence Kasdan, d’après une histoire de George Lucas & Philip Kaufman
Distribution
Harrison Ford, Karen Allen, Paul Freeman & John Rhys-Davies
Durée
115 min
Musique
John Williams
Photo
Douglas Slocombe
Support
Blu-ray Paramount 2012
Image
2.35:1 ; 16/9
Son
VOst DTS HD-MA
Synopsis : Los Angeles, 1949. Mickey Cohen, originaire de Brooklyn, est un parrain impitoyable de la mafia qui dirige la ville et récolte les biens mal acquis de la drogue, des armes, des prostituées et – s’il arrive à ses fins – de tous les paris à l’ouest de Chicago. Tout ceci est rendu possible par la protection, non seulement des hommes de mains à sa solde, mais également de la police et des hommes politiques qui sont sous sa coupe. Cela suffit à intimider les policiers les plus courageux et les plus endurcis… sauf, peut-être, les membres de la petite brigade officieuse de la LAPD dirigée par les Sergents John O’Mara et Jerry Wooters qui, ensemble, vont tenter de détruire l’empire de Cohen.