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L’abdication d’un augustinien

Publié le 16 février 2013 par 250673gc

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L’abdication d’un pape n’est jamais un fait banal. C’est un acte grave, redoutable. C’est la raison pour laquelle on peut comprendre la stupeur et le coup de tonnerre planétaires suscités par ce geste hautement historique de Benoît XVI, c’est-à-dire celui de ne plus être à la tête de plus d’un milliard de catholiques. De ne plus être le timonier de la barque de Pierre. Incontestablement, il s’agit là d’une jurisprudence pour les Temps modernes.

Bien sûr, avant lui, certains de ses vénérés prédécesseurs (Grégoire XII et Célestin V) avaient agi pareillement. Mais c’était une autre époque. Un autre temps prodigieusement lointain, où n’existait pas la puissance des technologies de l’information, où la communication n’était pas à son zénith, où la démographie chrétienne n’était pas non plus importante.

L’Eglise vivait ses balbutiements. C’étaient les premières heures…

Rien à voir avec aujourd’hui. Le pape Ratzinger est un pape issu de la modernité. Sa parole, approuvée ou contestée, a toujours un impact sur les consciences. C’est la raison pour laquelle encore on peut comprendre l’ébahissement des foules (….) Toutefois celui qui a connu, suivi et lu ce pape ne serait pas abasourdi, surpris par sa démarche. Tout son magistère aura été guidé par un double tréteau : Foi et Raison. Pour lui, ces deux réalités sont sœurs. L’une ne doit s’opposer à l’autre. Elles doivent toujours se compléter. Dégager une symphonie qui ouvre les portes à une forme d’équilibre personnel, à un jaillissement du meilleur de l’homme. Car en vérité : nous avons un vicaire du Christ d’un âge canonique et qui, s’apercevant que ses forces ne cessaient de diminuer, ne pouvait plus attendre pour prendre la décision la plus idoine qui soit.  

Quant à son bilan, il est très tôt d’en mesurer toute la portée, toute l’épaisseur, toute la profondeur. On n’oubliera pas d’évoquer la question des prêtres pédophiles, la tentative de réconciliation avec les Lefebvristes ou encore le fameux discours de Ratisbonne. Mais il serait singulier voire injuste de ne pas y ajouter son immense et incomparable travail théologique. Comment ne pas évoquer son Jésus de Nazareth. Dans cet ouvrage gigantesque, il a permis de redécouvrir toute la richesse, toute l’actualité du message christique. Il s’y était efforcé, avec érudition, avec clarté, à affirmer que le Jésus de l’histoire et le Jésus de la foi constituaient la même personne. Par ce charisme d’auteur perspicace, il aura sans doute réussi

à faire de ses lecteurs innombrables des « Christiens » éclairés, lucides, intelligents.

Oui, l’Eglise perd un pape, mais elle garde encore son théologien. Un théologien marqué par l’augustinisme le plus raffiné. 

Guillaume Camara     


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