Différentes façons de communiquer en temps de crise

Publié le 16 février 2013 par Mpbernet

Pour en revenir sur la folle histoire de la viande de cheval rebaptisée bovine ...

Les entreprises mises en cause commencent à réagir au quart de tour, elles ont appris d'expériences calamiteuses précédentes. Ce sont les roumains qui ont tiré les premiers : en ouvrant tout grand les portes de leurs abattoirs à la Presse, pour montrer qu'ils ont des installations au top de la technologie en la matière et qu'ils n'ont fait que livrer du "minerai" de viande de cheval, régulièrement étiquetté "cheval", au prix de vente de la viande de cheval. Fermons le ban.

Ensuite, le patron de l'entreprise Spanghero, devant son usine à laquelle on a retiré l'agrément alimentaire, parmi ses salariés mis au chômage et pris à témoins, qui plaide l'ignorance des codes douaniers. La main sur le coeur, en spécialiste du négoce des viandes en gros et de la fabrication de conserves de viandes, il affirme n'avoir jamais su que le fameux code figurant sur ses facture signifiait qu'il s'agissait de cheval. Et qu'il ne s'est jamais posé la question du rapport qualité/prix des matières premières qu'il achetait en Roumanie ...

La société Picard, enfin, qui subit à mon avis le plus grave préjudice d'image, alors qu'elle a fondé toute sa stratégie sur la qualité de ses plats cuisinés maison. D'abord, elle envoie à ses clientes une vidéo de son Président pour dire combien il est désolé de ce scandale ... Puis Philippe Pauze adresse une lettre où il explique très clairement comment sa société a été entourloupée : Picard met au point soigneusement ses recettes dans ses laboratoires et les teste auprès de spécialistes. De ces études sortent des process au gramme près, rédigés sous la forme de cahiers des charges très précis fixant la quantité et la qualité des matières premières et la liste des fournisseurs admis à être sollicités pour les différents ingrédients.

Ensuite, la fabrication des plats est confiée à des fabricants de plats surgelés respectant par contrat ces spécifications. Ici, il s'agit de la société Comigel, basée à Metz, qui fabrique des lasagnes, du hâchis parmentier, des boulettes et de la moussaka pour plusieurs donneurs d'ordre, chacun selon ses recettes propres. Picard précise que Spanghero ne figurait pas dans la liste des fournisseurs agréés pour entrer dans la recette Picard, qui donc a été "floué". Personne toutefois n'a encore entendu Comigel ...

Bilan : tout le monde trompe tout le monde et c'est lamentable, les escrocs, comme au moyen-âge où les paysans mouillaient le lait, comme dans notre monde d'aujourd'hui où certains n'hésitent pas à mettre en vente des médicaments frelatés, sévissent partout.

Alors qui croire ? En fidèle consommatrice des produits Picard depuis plus de 30 ans (du temps où les surgelés étaient commandés par catalogue et livrés à domicile à partir de deux entrepôts de la région parisienne), j'ai tendance à donner foi en leurs explications. Mais quel gâchis ... et j'espère que les sanctions appliquées à ceux qui ont failli dans le circuit soit très rapides et surtout dissuasives afin de remettre au travail les 300 salariés de Spanghéro (à part ceux qui ont trempé dans la manipulation des étiquettes) qui n'y sont pour rien et payent pour l'heure le plus gros tribut à cette catastrophe médiatique.