Pour mieux comprendre cet écosystème, L'Atelier se rend à partir d'aujourd'hui en Turquie, et plus particulièrement à Istanbul, sa capitale. Panorama, en texte et en images, des grands usages.
Evidemment, si on vous dit Yemeksepeti, cela ne doit pas vous dire grand chose. Et pourtant, l'entreprise turque de commande de plats en ligne suscite l'intérêt des investisseurs à l'échelle internationale. En septembre 2012, la startup a levé 44 millions de dollars auprès du fonds américain General Atlantic. Plus tôt, en 2011, et à l'échelle nationale, c'est Peak Games, leader dans le social game en Turquie, qui a levé 11,5 millions de dollars auprès d'Hummingbird Ventures et EarlyBird Venture Capital.
Succès épisodique ? Véritable écosystème en train de se consolider ? A première vue, la deuxième proposition est la bonne. Surtout quand on sait que Deloitte 500 a glissé, en 2012, 29 entreprises turques à son palmarès, dont 2 dans le top 10, Ideasoft, spécialisé dans le logiciel e-commerce et Pozitron, qui développe des applications de commerce mobile. Et que les entreprises mentionnées ci-dessus connaissent le succès à la fois en Turquie mais aussi au moins dans plusieurs pays du Moyen Orient et d'Afrique.
Les secteurs les plus dynamiques ? Si l'on se réfère aux startup en vogue et aux chiffres, c'est l'e-commerce. Pour les chiffres, selon l'Association of Turkish Internet Retailers, la Turquie a enregistré une croissance de 57% de son chiffre, pour parvenir à 12,5 milliards de dollars en 2012 (contre 37,7 milliards en France). Et ce sont 7 millions de personnes qui achètent en ligne. Côté mobile, la tendance est aussi à la hausse. Pour l'instant, la part du e-commerce en provenance du mobile n'est que de 6%, mais elle devrait atteindre 10 à 12% fin 2013, et jusqu'à 50% en 2015.
Les raisons ? Une santé économique plutôt bonne. Avec un PIB de plus de 770 milliards de dollars, le pays se place au seizième rang mondial. Une population de 74 millions de personnes, ensuite, jeune, avide de technologies et désireuse d'y accéder (près des trois quarts des internautes aurait moins de 34 ans selon ComScore). 36,4 millions de personnes utilisent Internet, 20 millions sont abonnées. La sensibilisation aux services innovants est souvent faite par les opérateurs et les banques, qui cherchent ainsi à se différencier par la technologie, et à toucher une clientèle jeune prête à payer si des
services innovants et pratiques lui sont proposés, expliquait fin 2012 à L'Atelier Alper Unal, chargé de pôle Nouvelles Technologies pour Ubifrance à Istanbul. Le pays est ainsi largement positionné sur le paiement mobile (notamment via des services proposés conjointement par les opérateurs et les banques).
Le tout est permis par de bonnes infrastructures mobiles. Selon The Global Information Technology Report 2012, de l'Insead et du World Economic Forum, le pays - s'il est en retard sur plusieurs indices liés à l'innovation - est numéro un en termes de couverture réseau mobile (p.304).
Le résultat, c'est 67 millions d'abonnés mobiles, dont plus de 40 millions en 3G et 11 millions en haut débit mobile ! Un développement du téléphone qui laisse présager le développement de nombreux services, et pas seulement dans le commerce. Mais ce, si certains freins sont dépassés, comme le fait que les pôles d'innovation sont encore très localisés (Istanbul, Ankara), que le réseau d'investisseurs, s'il existe, gagnerait à se densifier, ou encore que si, dans les zones urbaines, le taux d'équipement et d'usage est fort, la marge de progression à l'échelle du pays est encore importante.