Baillements

Publié le 15 février 2013 par Didier Vincent

 

Universalité du baillement, de ce relâchement musculaire qui nous vient de l'ennui, de ces moments de digestion animale où rien ne compte plus que notre bienfaisante régression somatique. Ce grand déploiement de la bouche comme un cri muet, souvent accompagné d'étirements, est un geste antisocial d'inaction et de désintérêt. Le gros légumineux qui sommeille alors si visiblement en nous et que l'on s'efforce en vain de cacher pour masquer notre manque d'intérêt au présent, ce gros légume, c'est notre corps qui a son langage propre et qui, la plupart du temps échappe à la volonté ratiocinante. Je baille donc je suis est un des raccourcis non cartésiens qui fait que nous sommes avant tout des êtres vivants. Enfin, des sortes d'animaux, en somme, qui furent au monde bien avant que Descartes n'affirme son cogito ergo sum : des bailleurs de fond.

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