On ne cesse aujourd'hui de nous répéter : "Vis pour toi, pas pour les autres", "le regard d'autrui n'a aucune importance" et toutes formes maximales pleines de sagesses qui réchauffent le coeur des marginaux ou autres égocentriques.Et vous en êtes convaincu n'est-ce pas?
Sartre a écrit "L'enfer c'est les autres." Oui bon, certes, mais l'existence de l'enfer est toujours sujet à débat. Et qu'en est-il de notre existence ?
Descartes a prouvé par son cogito que nous étions des êtres pensant et que c'est par là-même que nous définissions notre présence au sein du monde. Pascal nous traitera de roseau, mais c'est un autre débat...Pourtant, c'est bien dans le regard des autres que l'on confirme notre existence. Sartre disait que c'est dans le reconnaissance d'autrui qu'on se reconnaît sois-même.
Les cadeaux de Noël, le travail, l'écriture, la chanson, la peinture, les blogs... Ne sont-ils pas des outils qui, au delà même du miroir, sont une fenêtre ouverte invitant quiconque à toquer contre la porte. Prouvant par là que nous sommes présents ?
On cherche sa place en fonction des autres. Et notre place ne peut se faire qu'en fonction des autres. Qu'ils soient d'accords ou non. (un dictateur a trouvé sa place contre les autres et c'est un statut on ne peut plus fixe... ^^')Je m'assied à une chaise vide, je m'habille de couleurs et de style plus ou moins différents d'autrui. Notre existence ne fonctionne que par mimétisme ou rejet total. L'apprentissage de la langue comme la "crise d'adolescence".
Il y a une chose qu'exprime Sartre - oui je suis sartrienne, et bah y en a qui sont bouddhistes, gay, syndiqués donc...- que je trouve assez juste au sujet de notre rapport à cet "enfer" : La Honte.On ne ressent de honte que parce qu'on sait qu'autrui existe et qu'il peut nous voir. Et nous faisons tout pour éviter ce sentiment justement parce qu'il nous est -presque- impossible de ne pas le prendre en compte.
Avec le concept de la honte, j'appelle à la barre le concept de l'ego ! Puisqu'on ne peut parler des autres sans parler de soi, il fallait bien passer par là!
Alors, l'ego (=je/moi en grec) c'est un concept que l'on retrouve chez Platon, chez Descartes, chez Freud, chez les bouddhistes. Dites donc il est partout! Enfin, je suis partout.
La notion mène très vite à l'idée d'égoïsme, qui est de faire passer soi-même avant les autres, et l'égocentrisme qui correspond à se penser le centre du monde. En soi les notions ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles sont plutôt justes. En effet, je peux faire passer ma vie avant celle des autres puisque je n'ai de prise que sur la mienne (et qu'accessoirement je ne vivrais qu'avec moi tout au long des mes jours). Et je reste l'unique centre de mon monde puisque c'est à travers moi que je perçois et interagi avec l'environnement qui se trouve autour de moi.
Les connotations négatives arrivent dès lors que l'on se situe au dessus des autres et supérieur au point de les rabaisser. L'orgueil, c'est de ne plus prendre en compte autrui, et sans autrui il n'y a plus d'existence possible (voir plus haut).
L'être humain est un animal social disait Rousseau, en ce qu'il se reconnait au sein d'une collectivité, il est fait pour la sociabilité. On ne peut donc échapper au regard d'autrui qui nous forme et dont nous avons besoin.
La question aujourd'hui est plutôt d'apprendre à vivre avec ces différents regards, afin de ne pas s'y assujettir ni de chercher à les soumettre.