Toldac – Makyo – Bihel © Futuropolis – 2013
« Nina de Beaumont est anhédonique, c’est-à-dire qu’elle ne prend de plaisir à rien depuis la mort accidentelle de sa mère lors d’une avalanche. Elle avait six ans. A ce jour, elle a essayé toutes sortes de thérapies, mais aucune n’a réellement produit de mieux-être. Et pour elle, désormais, le bonheur c’est de ne pas avoir de bonheur » (extrait Quatrième de couverture).
José Alcano quant à lui est un trentenaire coureur de jupons. Il a mis à profit ses études en neurobiologie en créant une agence matrimoniale d’un genre nouveau. En un an d’activité, l’agence en est déjà à son centième mariage ! Si la réussite professionnelle de José est réelle en revanche, côté cœur, il essuie échec sur échec. Il semble s’en contenter, il s’accommode de cette vie qui lui permet bon an mal an de satisfaire sa passion pour les voitures de collection. C’est d’ailleurs ce hobby qui lui vaut d’être poursuivi pénalement par la SNCF. Sa vieille MGB a cru bon de rendre l’âme au beau milieu d’un passage à niveau… faisant dérailler un train et causant ainsi des dégâts qui se chiffrent en millions d’euros. Coup de malchance : la voiture n’était plus assurée depuis deux heures. José démarche donc sa compagnie d’assurance pour trouver un compromis… Officiellement, la compagnie d’assurance refuse toute négociation… Officieusement, les conditions imposées à José ont de quoi surprendre, d’autant qu’elles sont énoncées par le PDG, un certain Antoine de Beaumont…
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Toldac – Makyo – Bihel © Futuropolis – 2013
La construction de cette histoire est étonnante. Dans un premier temps, elle nous chahute, nous laisse emporter par le tumulte de la vie de José le personnage principal. L’homme est volage, idéaliste et insouciant. On croise plus qu’on ne fait la connaissance des gens qui l’entourent. On ne sait pas où on va, on papillonne au milieu de cette cohorte d’individus, épiant le moindre indice qui permettrait de savoir sur qui porter l’attention. Puis, le choc de l’accident nous abasourdit. Seconde déflagration narrative que nous imposent Toldac et Pierre Makyo. Après la terrible avalanche qui a couté la vie à la mère de Nina, le choc ferroviaire aurait pu nous laisser orphelins… lecteurs sans héros. Contre toute attente, le rythme du récit se raisonne, José se responsabilise au point d’envisager l’impensable de la part de sa compagnie d’assurance. L’ancrage peut alors se faire, le lecteur se repère… nous savons désormais dans quelle direction aller et à qui nous accrocher. Dans la cohue du début d’album, nous avions bien sûr identifié certains visages… les voilà qui sont extraits au compte-goutte pour nourrir l’intrigue. Certes, le chemin vers le dénouement est balisé… parfois de manière un peu trop évidente. Pourtant, les auteurs ont pris soin de placer sur notre parcours des rebondissements inattendus et des attitudes qui nous surprennent. Finalement, les apparences sont trompeuses et le personnage principal n’a pas l’aplomb qu’il prétend avoir.
On retrouve également cette petite touche fantastique qui avait pimenté Exauce-nous, premier album sur lequel Pierre Makyo et Frédéric Bihel ont collaboré. Ici, elle s’incarnera dans la peau d’un personnage secondaire très intéressant : Michel Ange. Sa présence et son charisme auraient, me semble-t-il, mérité une place plus conséquente dans le récit. Malgré tout, ses brèves apparitions sont toujours bénéfiques tant pour le lecteur (à qui il livre quelques clés de compréhension supplémentaires) que pour le héros (qu’il conseille de façon judicieuse).
Avant de conclure, je m’arrête un instant sur le travail de Frédéric Bihel. Les illustrations sont magnifiques. Réalisées à l’aquarelle, les couleurs retenues diffusent une ambiance chaleureuse. On ne pourra qu’apprécier leur luminosité.
Toldac – Makyo – Bihel © Futuropolis – 2013
Un album agréable dont je vanterais volontiers les qualités graphiques. Cependant, on est loin de la force d’Exauce-nous et de l’émotion que cet album a suscité.Si j’ai lu Tout sauf l’amour avec plaisir, que je le conseillerais volontiers à quiconque souhaiterait se perdre dans la légèreté d’une comédie sentimentale… en précisant toutefois que le scénario manque de force. Il semble muselé par des convictions, chose assez frustrante quand on connait le potentiel de ces auteurs… et quand on perçoit le potentiel de ce récit…
La chronique de Choco.
Du côté des challenges :
Petit Bac 2013 / Sentiment : amour
Petit Bac 2013
Tout sauf l’amour
One shot
Editeur : Futuropolis
Dessinateur : Frédéric BIHEL
Scénaristes : TOLDAC & Pierre MAKYO
Dépôt légal : février 2013
ISBN : 978-2-7548-0281-9
Bulles bulles bulles…
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