Je montai tout en haut, dans ma Tour effilée,
Toute en brume et fumée, baignée de clair de lune,
Et commençai, tremblante, à converser
Avec les poètes défunts,
tout le jour.
Je leur contai mes rêves, l’allégresse
Des vers qui sont miens, de mes chimères,
Et tous les poètes, en pleurs,
Alors me répondirent : "Quelle déraison !
Enfant naïve et folle ! Nous aussi
Fûmes pleins d'illusion, plus que personne,
Et tout nous a fui, tout est mort..."
Les poètes accablés se turent, tristement...
et depuis ce jour-là, je pleure amèrement
Dans ma Tour effilée, près du ciel...
*
Subi ao alto, à minha Torre esguia,
Feita de fumo, névoas, e luar,
E pus-me, comovida, a conversar
Com os poetas mortos, todo dia.
Contei-lhes os meus sonhos, a alegria
Dos versos que são meus, do meu sonhar,
E todos os poetas, a chorar,
Responderam-me então: "Que fantasia,
Criança doida e crente! Nós também
Tivemos ilusões, como ninguém,
E tudo nos fugiu, tudo morreu!..."
Calaram-se os poetas, tristemente...
E é desde então que eu choro amargamente
Na minha Torre esguia junto ao céu!...
Florbela Espanca