Retour au charbon

Publié le 15 février 2013 par Steph2
Il y a un mois, j'ai repris le chemin du bureau. Depuis le début de mon congé parental, c'était prévu ainsi.
Prévu certes, assumé un peu moins.
Fini les journées à la maison. Ces journées avec mes deux boys. Ce bonheur d'être là avec eux, de les voir grandir.
Peut-être que cette période fut aussi géniale parce que je savais qu'elle serait brève et qu'il fallait en profiter.

Dorénavant mes matins sont moins sereins, remplis de "dépêche-toi" "mets tes chaussures" où est cette foutue cagoule ?"... oui le matin, maintenant, je dis des gros mots devant les enfants !
La journée commence dans un tourbillon de bisous vite fait, de "à ce soir" et de sourires guettant ma montre. Le Môme réclame toujours son dernier bisou puis sa petite main me fait un signe, nouveau rituel. Ensuite, je marche encore plus vite pour essayer d'être à l'heure en dépit des trains, bus ou métros capricieux. Enfin le soir, je les récupère, leurs deux petites têtes de fripouilles et leurs sourires me font oublier qu'ils doivent être lavés, nourris et couchés dans l'heure qui suit.
Au bureau, je suis souvent la dernière arrivée et la première partie. Les premiers jours, les journées me paraissaient interminables et ennuyeuses, aujourd'hui elles me semblent trop courtes. Les dossiers commencent à s'accumuler. J'aborde mon travail différemment, je ne supporte plus la perte de temps, toutes les minutes doivent être exploitées au maximum car elles coûtent chères à ma vie de famille.
J'ai eu la chance de pouvoir obtenir mes mercredis. Cette journée est une bouffée d'oxygène, je la savoure comme un macaron Ladurée, une coupe de Ruinart rosé ou le dernier bonbon du paquet. Je la vis un peu comme une journée volée. Le revers de la médaille, c'est que dorénavant mon travail doit être fait en 4 jours et non plus en 5. Les pauses déjeuner sont donc plus courtes et je bosse parfois un peu de la maison le soir pour compenser.
Lorsque l'activité m'empêche de prendre cette journée, je suffoque à la fin de la semaine, comme une droguée en manque de bisous, de câlins et même en manque de cris et de pleurnicheries.


Il y a des choses auxquelles je m'interdis de penser : calculer le temps que Little Marmot passe avec sa nounou par jour, les sorties d'école que je rate, ou encore que je ne suis plus jamais là à l'heure des mamans.
Je m'empêche de trop culpabiliser quand le thermomètre indique un 38° et que j'espère que le doliprane suffira à faire passer la poussée dentaire. Je suis moins disponible certains soirs quand la journée a été fatigante et stressante. Il y a aussi les journées à rallonge, celles où ils dorment à poing fermé lorsque je rentre.
J'essaie de qualifier au maximum les moments que je passe avec eux. Les mercredis et les week-end certes, mais aussi le soir et le matin même si ce sont des temps très courts. De nouveaux petits bonheurs sont apparus comme les cinq minutes de marche main dans la main avec Le Môme en allant à l'école, où il me raconte ses copains, son école, son monde; le biberon du matin alors qu'il fait encore nuit noire et que mon bébé n'est rien qu'à moi; les histoires du soir...
Au fil des jours, le rythme de cette nouvelle vie s'impose à nous tous, mon travail m'intéresse davantage et les petits semblent prendre leurs marques.
Mais ce serait mentir que de vous cacher que chaque soir, à l'image de ces enfants qui crient quand la sonnerie de la cloche retenti, je m'engouffre dans le métro, guette le quai affiché, peste contre ces patauds qui n'avancent pas. Je marche vite dans les couloirs, je donne quelques coups de coudes, j'esquisse des sourires pour que les gens me laissent passer, ils les prennent pour des excuses mais en vérité je suis déjà loin et à ces instants, j'imagine nos retrouvailles.
Bon vendredi, ce soir c'est le week-end...