Elle est presque devenue une habituée du Festival des Etonnants Voyageurs. Il y a deux ans, elle était à Bamako. Et cette année, c’est Brazzaville qui la reçoit. « Elle », c’est bien sûr Léonora Miano qui, dans quelques heures, s’exprimera sur le plateau d’Un livre Un jour. Nul doute que sa voix y sera scrutée. Parce que belle comme celle d’une mezzo-soprano.
C’est en étant très jeune qu’elle tombe dans le chaudron littéraire. Et ce, en lisant les auteurs caribéens et afro-américains qui ont nourri sa sensibilité d’auteur. Elle qui se sent Négresse intégrale : car Douala c’est chez elle, Harlem c’est chez elle, Pointe-à-Pitre c’est chez elle, aussi.
Mais pour Léonora Miano, la trentaine, le lieu fondamental est intérieur. Issue d’une famille particulière, assez marginale, où l’on ne parlait que le français, elle a toujours eu en elle un ailleurs. D’où ce non-attachement aux territoires, à l’idée de nation qu’elle trouve belliciste comme manière d’envisager ses relations avec les autres. Son territoire, c’est la page blanche. C’est l’endroit où elle est une et complète. En revanche, elle croit à la frontière comme étant un lieu d’accolement, non pas de rupture.
Attention, Léonora Miano n’est pas une politicienne. Du moins, pour l’instant. C’est une romancière camerounaise qui a eu du succès, qui a écrit Blues pour Elise. Cette œuvre de littérature dans laquelle elle retrace l’histoire de quatre femmes noires qui vivent dans l’Hexagone, et qui ne correspondent pas du tout à l’image des femmes qu’on voit sur le petit écran.
Elles incarnent la France de Miano. La France réelle.
Guillaume Camara