Dans quelques mois nous disposerons des chiffres de 2012 relatifs aux comptes des administrations publiques françaises. Ils seront certainement bien pires que ceux de 2011 et meilleurs que ceux de 2013.
En 2011, la dette publique s'élevait à 1 717, 3 milliards d'euros, soit 78,8% du PIB et le déficit de l'ensemble des administrations publiques à 103,1 milliards d'euros, soit 5,2% du PIB, dont 87,2 milliards pour le seul Etat.
Ce déficit de 87,2 milliards d'euros - ce que personne ne dit et qui est beaucoup plus parlant - représente plus de 21% des
dépenses de l'Etat (414 milliards d'euros) et près de 27% de ses recettes (326,8 milliards d'euros)...
Les administrations publiques françaises ont dépensé en 2011 56% de la richesse nationale et le taux de chômage était de 9,8%. Oppression et inefficacité...
En 2012 tous ces records de l'Etat providence ont été battus et ils devraient encore être battus en 2013. Les catastrophes se profilent à l'horizon. Mais à part ça, tout va très bien, Madame la Marquise...
Il est loin le temps où Michel Audiard, par la voix de Jean-Paul Belmondo, dans La chasse à l'homme (1964) d'Edouard Molinaro, disait:
"Deux milliards d'impôts nouveaux [et ce n'était que des milliards de
francs...]! Moi, j'appelle plus ça du budget, j'appelle ça de l'attaque à main armée!"...
Les électeurs français, déçus à juste titre par Nicolas Sarkozy, ont voulu changer de monture et l'ont remplacé par François Hollande. En fait ils n'ont rien changé:
"C'est là le drame des électeurs d'une sociale-démocratie. Convaincus que l'homme est mauvais, que seule l'action de l'Etat est à même d'oeuvrer dans le sens de l'intérêt général, ils placent tous leurs espoirs en elle. Mais lorsque les solutions s'avèrent pires que le mal qu'elles prétendaient combattre, lorsque les échecs s'enchaînent, les électeurs déçus n'envisagent pas un instant de remettre en cause leur foi en l'action publique: ils reprochent au gouvernement d'avoir mis en oeuvre les mauvaises solutions ou de n'avoir pas agi avec assez de vigueur et lui cherchent un remplaçant." (Georges Kaplan, Assoiffés de pouvoir)
Les électeurs voient que ça ne marche pas. Ils ne voient pas que l'Etat n'est pas la solution, mais le problème...
Pourquoi? Parce que l'Etat joue tous les rôles à l'exception de ceux qui pourraient justifier son existence, notamment celui de protéger l'individu de la coercition, de l'oppression, de l'action collective.
C'est ainsi qu'au lieu de rendre la justice, il s'occupe de justice sociale:
"La justice sociale viole les principes de justice. Pour que l'apparence de la société soit ceci plutôt que cela, la place des individus doit être fixée - ou a minima favorisée ou défavorisée. C'est-à-dire que les lois ne doivent plus être justes, sans autre objectif que de rendre à chacun son dû ou ses responsabilités, mais forgées en vue d'un objectif précis sur la situation des individus après l'application de la loi, sans considération particulière pour les responsabilités ou les droits de chacun." (Daniel Tourre, La justice sociale)
C'est ainsi qu'au lieu de rendre hommage aux fourmis il récompense les cigales en leur accordant des subventions:
"Pourquoi l'entreprise plus performante devrait-elle être pénalisée? Pourquoi, si un secteur économique est naissant, et même "écologique", devrait-il être subventionné? Si sa performance est si claire, son intérêt pour tous si évident, que ne trouve-t-il les moyens de son financement, comme n'importe quel secteur économique?" (Guillaume d'Urval, Les subventions)
C'est ainsi qu'au lieu de se contenter de faire respecter les droits naturels, il devient bouffi de pouvoir, réglemente à tours de bras et favorise le lobbying du capitalisme de connivence:
"Pour diminuer le lobbying, il faut limiter le pouvoir de l'Etat: on n'influence pas quelqu'un qui n'a aucun pouvoir. Pour le réformateur, l'intensité du lobbying est un excellent indicateur de la localisation du pouvoir à limiter. Pour l'élu, sa compréhension offre une opportunité de rendre populaires nos idées en soulignant de façon intelligente le capitalisme de connivence et le parasitisme réglementaire." (Alex Korbel, Le lobbying)
C'est ainsi qu'au lieu de défendre la propriété privée, il vole les épargnants en faisant tourner la planche à billets:
"Comment a-t-on pu s'imaginer que tout cet argent obtenu facticement puisse vraiment surgir de nulle part sans qu'un jour personne n'ait à le payer? Comment faire comprendre aux épargnants que l'émission infondée de monnaie leur fait payer au centime près (via l'inflation qui s'ensuit) le défaut de paiement des Etats?" (Nicolas Houtrique, L'Etat, faux-monnayeur permanent)
C'est ainsi qu'au lieu d'obtenir réparation pour les victimes, il met au chaud criminels et délinquants:
"Le fait d'axer le châtiment sur la réparation est à l'opposé de notre système actuel. Dans notre système judiciaire, dans un délit comme le vol, le voleur sera poursuivi par les services de l'Etat puis condamné à de la prison aux frais du contribuable, c'est-à-dire partiellement aux frais de la victime à travers ses impôts. Victime qui restera orpheline de son bien ou de son remboursement." (Christophe Ozimek, Le droit "punisseur")
C'est ainsi qu'au lieu de protéger les biens et les personnes, il s'en prend à l'automobiliste, sa vache à pétrole préférée - c'est plus facile:
"En dix ans, le nombre des atteintes à l'intégrité physique des personnes a presque doublé. Ne devrait-il pas être la première mission de la police de protéger les citoyens des violences physiques? Eh bien non. Pendant que vous craignez pour votre sécurité ou celle de vos proches, les forces de l'ordre sont à l'action pour faire diminuer les statistiques de la sécurité routière et par-là même remplir les caisses de l'Etat grâce à l'ensemble des recettes fiscales, provoquées par les procès-verbaux que vous payez pour les stationnements gênants, l'absence de ceinture, le portable ou les excès de vitesse." (Christophe Chalvignac, Vivre sous la coupe policière)
C'est ainsi qu'au lieu de dire les choses comme elles sont, il se fait marchand d'illusions, c'est-à-dire menteur:
"Pervertir le sens des mots, leur donner une deuxième définition, est un des moyens de l'illusionniste étatique. La "solidarité" n'est plus volontaire, et devient, en fait, une contrainte étatique de spoliation. Le "principe de précaution" n'est plus synonyme de "prudence". Il devient, en fait, un principe constitutionnel d'arbitraire et d'irresponsabilité de l'Etat. La "comptabilité nationale" considère que toute dépense produirait une valeur égale à la dépense. Elle est ainsi conçue pour falsifier toute estimation de valeur." (Gérard Dalardot, L'Etat illusionniste)
Bref l'Etat, au lieu d'être utile, est nuisible. Il est fort avec les faibles et faible avec les forts. Il érige l'irresponsabilité en système. Michel Audiard, toujours lui, disait:
"L'Etat ne participe jamais aux catastrophes, il participe toujours aux bénéfices."
Le problème est que c'est lui qui provoque les catastrophes et qu'il n'est jamais pour rien dans les bénéfices.
Francis Richard
Libres!,
collectif de La Main Invisible, 100 auteurs, 100
idées, 382 pages
Rappel des épisodes précédents:
"Libres !" du collectif La Main Invisible (1/6) : "Le libéralisme: les principes" du 10 janvier 2013
"Libres !" du collectif La Main Invisible (2/6): "Mon travail, mon argent" du 17 janvier 2013
"Libres !" du collectif La Main Invisible (3/6): "Mes enfants, notre avenir" du 24 janvier 2013
"Libres !" du collectif La Main Invisible (4/6): "Ma vie, ma décision" du 31 janvier 2013
"Libres !" du collectif La Main Invisible (5/6): "Mes risques, ma protection" du 7 février 2013