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51 - L'opportuniste (2ème partie)

Publié le 10 avril 2008 par Theophile

Ruennovembre Myriam termine les quelques dossiers en cours avant de fermer l'agence. Assise à son bureau, elle essaye de ne pas penser à toutes les préoccupations qui l'empêchent de trouver le sommeil en ce moment.
Elle n'aime pas ce mois de novembre, pluvieux, maussade. Triste.
Elle n'aime pas ces périodes où Théophile est avec "l'autre". Elle est très inquiète à propos de Joséphine qui souffre de plus en plus de l'éloignement de Samuel; de plus, ses résultats scolaires sont de plus en plus médiocres. Puis sa soeur, Sylvia, qui traverse un moment très difficile. Victime de violences psychologiques, certainement plus terribles que la violence physique, elle veut quitter son mari, mais est déchirée par ses fils, qui ne veulent pas que leurs parents se séparent. Sa dépression apparait d'une extrême gravité. Puis Myriam pense aussi à ses problèmes financiers. "L'autre" ne paie pas la pension alimentaire. Venant de prendre un appartement, elle espère que Joséphine pourra continuer ses cours de piano et que Théo pourra continuer ses cours de théâtre. Puis la relation avec ses parents c'est quelque peu dégradée vers la fin de la cohabitation. Puis, bien évidemment,  "l'autre", qui continue par tous les moyens d'entrer en contact avec elle.
Myriam se tracasse. Myriam est fatiguée. Myriam dort mal depuis quelques temps.

Après avoir fermer le dossier, elle se lève, enfile son trench-coat, prend son sac, son parapluie, puis éteint toutes les lumières de l'agence.
Il est un peu plus de 19h00, lorsque qu'elle quitte le bureau. Elle ferme bien derrière elle la porte à double-tour, puis range les clés dans son sac avant d'ouvrir son parapluie pour se protéger de la petite bruine qui enveloppe la rue déserte de ce soir.

Ses talons résonne sur le béton humide. Elle marche d'un pas hâté, cherchant ses cigarettes ainsi que les clés de la voiture. Le cuir mouillé de ses chaussures grince, accompagné du claquement régulier de ses talons ferrés.
Les lumières orangées de la ville donnent à sa démarche une ambiance sépia. Une ambiance de film noir, à laquelle vient s'ajouter un bruit de pas en contre-rythme. Derrière elle.

Dans cette rue déserte, Myriam marche avec la conscience qu'il n'y a qu'elle et une autre personne qui marche. Qui la suit. Derrière elle. Dans le dos. Quelqu'un. A quelques mètres.
Tripotant les clés de la voiture dans sa main, elle songe à cette proposition qu'un jour sa soeur lui a suggéré. Celle de posséder dans son sac une bombe lacrymogène. Par sécurité. Pour se protéger.

Elle manipule ses clés. Entre ses doigts. Arme éventuelle en cas d'agression. Elle manipule ses clés, maintenant proche de sa voiture. Elle avance.

    - Myriam !

Elle se retourne. C'est lui. Il est là. Devant elle. Grande masse en contre-jour de l'éclairage public orangé. Il est là. Un visage froid.

    - Qu'est-ce que tu fous là !

Myriam, les dents serrées, révoltée par sa présence. Elle affronte son ennemi et lui montre qu'elle n'est pas intimidée par lui. Prête au combat, à l'affront, comme un homme, elle le fixe du regard. Prête au combat. Petit soldat sur talons aiguilles. Elle serre le trousseau de clés. Elle ne le quitte pas des yeux. Dans ce silence du soir, les cheveux et le visage mouillés, il reste immobile, calme, froid, les mains dans les poches de son pantalon. Raide comme un piquet il ne parle pas. Elle réitère :

    - Mais qu'est-ce que tu fous là ! Qu'est-ce que tu veux !

Trois secondes. Trois longues secondes se passent avant qu'il ne daigne ouvrir sa mince bouche mesquine et froide. Son ton implacable tétaniserait le coeur le plus froid.

    - Ta soeur est morte.

(A suivre)


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