Magazine Culture
Casino de Paris16, rue de Clichy75009 ParisTel : 08 926 98 926Métro : TrinitéJusqu’au 17 févrierPuis en tournée
Sortie de ce spectacle en DVD le 4 mars (Sony Music)
One woman show écrit par Noëlle Perna, Richard Chambrier, Alain SachsMis en scène par Alain SachsLumières de Gérard Pernet
L’intention : Star autoproclamée du « chauve-binz » national, la truculente Mado vient d’avoir une nouvelle idée toute à son image : généreuse et ingénieuse ! Elle décide de transformer la morosité des clients de son célèbre bar du vieux Nice en énergie créatrice. Et les voilà embarqués dans un grand moment de théâtre classique… ou presque !
Mon avis : Troisième spectacle en dix ans de Noëlle Perna dans le rôle de Mado la Niçoise… Intégralement nouveau, Mado prend Racine, nous permet de la retrouver égale à elle-même. On sait avec qui on a rendez-vous, mais l’attente repose entièrement sur ce qu’elle va nous raconter et où elle va nous emmener. Car Noëlle est d’abord et avant tout une formidable conteuse. Dès qu’elle endosse la blouse vichy bleu ciel ou la robe de cuir rouge vif, dès qu’elle a lourdement fardé ses paupières d’un bleu pétant et qu’elle s’est couronné le chef de frisettes flamboyantes, elle devient une autre. Une autre qui n’a aucune inhibition, aucun tabou, qui porte sur la vie et la société un regard à la fois candide et ironique, qui n’hésite jamais à faire passer des messages et à prendre des positions radicales…
Mado, c’est une nature. Il faut la prendre telle qu’elle est. Ou la laisser… Car certains ne parviennent pas à goûter une forme d’humour qui lui n’appartient qu’à elle. En revanche personne n’a le droit de contester son incroyable générosité, sa folle énergie et son inventivité tout terrain.Elle n’arrête pas de parler et de se démener pendant une heure et demie. C’est une véritable performeuse au sens américain du terme. S’exprimant autant avec son corps, ses bras et sa bouche, elle occupe la scène avec une vitalité confondante. Son spectacle est un patchwork. On y trouve de tout : des effets spéciaux (dans le sens « vêtements » du terme), des accents (africain, pied-noir, corse…), c’est un mélange habile de stand-up et de sketchs dans lesquels elle interprète différents personnages plutôt hauts en couleurs, et elle parle beaucoup d’elle est de sa famille, surtout de son mari.Son langage est on ne peut plus imagé, elle est très moqueuse, faussement candide, pleine de bon sens, elle adore les jeux de mots, les excellents comme les éculés, et les formules approximatives. Et elle aborde des tas de thèmes divers et variés : la gastronomie, les sports d’hiver, l’écologie, le divorce, les enterrements, le naturisme… Et, pour l première fois, elle se livre à une revue de presse qui lui permets de commenter l’actualité à travers sa vision décalée et avec une impertinence de bon aloi.
Si Mado prend Racine, c’est parce qu’elle entre de plain-pied dans la tragédie grecque en proposant à ses collaborateurs, pour leur faire oublier leur quotidien et leurs soucis, de jouer une version très « salade niçoise » du Phèdre de Racine. Ses supposé partenaires étant absents ce soir-là, elle s’amuse à interpréter elle-même une partie de leur rôle. C’est le fil rouge du spectacle.Par rapport à ses deux shows précédents, j’ai trouvé beaucoup plus coquine que de coutume. A partir du deuxième tiers du spectacle, elle joue volontiers à « Mado la grivoise ». Elle pratique l’allusion avec une gauloiserie qui s’inscrit dans la tradition française. Mais elle le fait sans jamais se montre vulgaire ou grossière. Elle préfère intelligemment se cantonner dans la suggestion (vous n’aurez jamais plus le même regard sur les quenelles). Ô Niçoise qui au mâle pense… En tout cas, vu les rires que cela déclenche, cela plaît au public.
Mado n’a aucune autre ambition que de nous distraire et de nous amuser. Et elle y réussi remarquablement. Elle sa son public, ses fidèles ; et c’est amplement mérité. Mado, c’est un sacré personnage. On ne peut que l’aimer et, surtout, saluer sa vitalité et son immense générosité.