Au coeur de la crise de la viande de cheval qui jette le doute sur l’ensemble de la profession agro-alimentaire, le cabinet Taddeo a réalisé une enquête exclusive avec Opinion Way. Qui sont les responsables aux yeux de nos compatriotes ? Quelles sont les mesures prioritaires à prendre ? Et dans quelle mesure cette crise sanitaire détériore t-elle l’image de l’industrie agro-alimentaire ?
Un scandale révélateur d’une crise profonde de l’industrie agro-alimentaire
Pour les français, le scandale de la viande de cheval qui a été vendue comme de la viande de boeuf par les marques Findus, mais aussi pour Picard ou les MDD, ne constitue pas une crise sporadique. 70% des Français jugent que la crise de la viande de cheval est révélatrice d’une réelle détérioration de la qualité des produits alimentaires.
Seule une minorité, 29%, voit dans ce scandale un accident isolé qui ne remettrait pas en cause la bonne qualité des produits alimentaires. Au delà de ce scandale, c’est donc l’ensemble de la profession qui est en cause.
Toute la filière alimentaire est jugée responsable
Les sous-traitants qui ont indument fourni la viande de cheval au lieu du bœuf sont, de façon logique, jugés comme étant les plus responsables (90%). Leur rôle dans ce scandale a clairement été établi par les journalistes. Pour autant, cette information ne suffit pas à disculper les autres acteurs.
Ainsi , les industriels et marques qui ont fabriqué les produits finis à base de viande de cheval sont jugés tout aussi responsables (88%) par les consommateurs. L’argument invoqué par les industriels, indiquant avoir été trompés sur la provenance de la marchandise, ne semble pas jugé crédible.
Enfin, si les distributeurs ne sont pas totalement exonérés de leur responsabilité (43% les jugent responsables), ils sont moins sévèrement jugés que les autres acteurs. 56% estiment qu’ils ne sont pas responsables.
L’état dans la ligne de mire
Si ce scandale touche d’abord l’industrie agro-alimentaire, les manquements des institutions française et européennes sont aussi pointés du doigt. 68% de nos compatriotes jugent l’UE responsable. Mais les ministères concernés, – agriculture consommation et agroalimentaire – sont également mis en cause par 65% des compatriotes. Les Français espéraient que l’Etat et les institutions européennes seraient à même de garantir la qualité des aliments, et semblent découvrir que les contrôles ont failli.
Des français qui exigent des mesures radicales.
Bien sûr, toutes les mesures permettant de mieux identifier l’origine des produits sont plébiscitées.
Garantir une meilleure traçabilité de tous les ingrédients constitue la première demande de nos compatriotes. Cette mesure est jugée prioritaire par 95% de Français, dont tout à fait prioritaire par 69% d’entre eux. De la même façon la mise en place de labels est une mesure très bien accueillie.
Mais au-delà de ces mesures, les circuits parfois ubuesques de la nourriture entre la matière première et nos assiettes ont entrainé chez les français un réflexe protectionniste. Réduire au maximum les importations de produits alimentaires de provenance étrangère constitue ainsi une attente forte chez les Français : 86% jugent cette mesure prioritaire, dont 55% tout à fait prioritaire.
Enfin, une partie importante des français souhaite sanctionner de façon exemplaire les marques mises en cause. 41% des Français veulent interdire les marques jugés coupables de cette fraude . Pour une mesure aussi radicale, il s’agit d’un résultat élevé, signe qu’une partie de nos compatriotes attend aujourd’hui que les coupables soient sévèrement punis
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Au final, cette enquête conduite au cœur de la crise de la viande de cheval livre trois enseignements clés :
Une crise qui dépasse largement la France. Nos compatriotes ont bien perçu le caractère international de la crise. 68% des Français mettent en avant la responsabilité de l’Union européenne dans ce scandale.
Une crise qui renforce l’attractivité de la production française. Ce scandale semble renforcer de façon spectaculaire l’attrait de nos compatriotes pour la production française, 86% des Français jugeant prioritaire de limiter au maximum les importations de produits alimentaires de provenance étrangère.
L’ensemble de la chaîne alimentaire éclaboussée. La stratégie de communication des industriels, dont Findus, visant à rejeter la responsabilité sur les sous-traitants, ne fonctionne pas. Pour les Français, c’est l’ensemble de la chaîne alimentaire qui est responsable, les sous-traitants qui ont vendu la viande, bien-sûr, mais aussi les industriels qui n’ont pas effectué les contrôles. Moins cités, les distributeurs, sont néanmoins jugés responsables à 43%.
C’est le pacte de qualité mis en avant par les marques et les distributeurs qui a été rompu avec cette affaire de la viande de cheval. Un scandale qui conforte une majorité de Français sur le diagnostic d’une industrie-agroalimentaire qui traverse une crise structurelle de confiance.