La colonne de feu du Saint-Père

Par Tchekfou @Vivien_hoch

Les Apophtegmes des Pères du Désert sont des fioretti illustrant la vie spirituelle des moines égyptiens du IVème siècle. Remarquables recueils à la fois profonds et pragmatiques, dont la logique se fonde dans la charité divine plus que dans des préceptes immuables, ils illustrent à merville les maturation des âmes, la permanente lutte contre le péché et l’énorme liberté chrétienne, qui se fonde en conscience, dans l’écoute de Dieu qui parle aux tréfonds…

Et cet Apophtegme sur l »humilité et la tâche ecclésiale illustre à merveille la décision « en conscience » de Benoît XVI…

 » On disait au sujet de l’abbé Théodore que, ordonné diacre à Scété, il ne voulait pas assumer ce ministère et s’enfuyait en de nombreux endroits. Mais les vieillards le ramenaient à Scété, disant : « N’abandonne pas ton office de diacre. » L’abbé Théodore leur dit : « laissez moi prier Dieu qu’il me donne l’assurance que je dois me tenir à ma place dans la liturgie. » Et il adressa à Dieu cette prière : « Si c’est Ta Volonté que je me tienne à cette place, donne m’en l’assurance. »

Alors lui apparut une colonne de feu, allant de la terre jusqu’au ciel et et une voix lui dit : « Si tu peux devenir comme cette colonne, va faire ton office de diacre. » Ayant entendu cela, il décida de ne jamais l’assumer. Lors donc qu’il vint à l’église, les frères lui firent la métanie en disant : « si tu ne veux pas servir comme diacre, au moins tiens le calice. » Mais il n’accepta pas et dit : « Si vous ne me laissez pas, je m’en vais d’ici. » Alors ils le laissèrent. »

Apophtegmes des Pères du Désert, XV, De l’humilité, Ed.de Solesmes, 1992