Ainsi, un certain Gérard Collomb, maire de Lyon. Contrairement à beaucoup d'élus locaux qui vivent heureux mais cachés, l'homme ne nous est pas un inconnu. Nous bénéficions régulièrement des discours et commentaires de ce tribun radical, de gauche, qui n'hésite jamais à montrer combien progressisme et peuple riment bien sur les médias du divin Marché.
La valeur n'attendant pas le nombre des années, c'est vers 30 ans qu'il est entré en politique. Le marché du travail l'a peu connu, pour notre plus grand bonheur d'avoir comme dirigeant un homme si obstiné à défendre ses idées droit dans ses bottes du XIXème.
Thème des jours derniers : le cumul des mandats. Un sport où nos amis à écharpes tricolores ont peu de rivaux, à l'exception des membres de conseils d'administration qui cumulent les jetons de présence et les salaires à cinq chiffres.
Et revoilou Gérard Collomb qui défend ardemment devinez quoi ? Le cumul. Et tranquillement il cumule. Et tout aussi tranquillement il avoue qu'il ne peut pas faire son travail essentiel de représentant du peuple à l'Assemblée Nationale, parce que son activité de maire ne le lui permet pas et le classe dans les lanternes rouges pour ce qui est de la présence à l'Assemblée, là où son devoir devrait pourtant lui commander d'être plus que présent.
Peut-être quelque vent mauvais qu'il a senti monter, toujours est-il qu'il vient de proclamer qu'il était quand même prêt à se sacrifier en renonçant au cumul. Une telle générosité le laissera avec à peine 10000€/mois pour survivre. L'intégrité, la grandeur d'âme n'ont pas de prix.
Gerard Collomb, socialiste, revient toujours aux fondamentaux ; il n'oublie jamais de faire dans le « social ».
A l'heure où toute la France est en passe d'être délocalisée, kleenexisée puis matraquée par un camarade sarkozyste socialiste nommé Valls, avant d'être saisie par la canaille banquière qui bénéficiera bientôt d'une souriante impunité grâce au zèle de l'équipe présidentielle rose, penser au social c'est top, c'est must, que dis-je, c'est buzz assuré.
Pour bien faire social, il pioche parmi les plus nécessiteux, Gérard Collomb. Il se trouve que c'est un élu. Il se trouve que c'est un élu lyonnais. Il se trouve que c'est un socialiste. Il se trouve que c'est un adjoint à devinez qui...
Qu'importe, il faut sauver l'adjoint à l'urbanisme. La détresse de ce malheureux émouvra assurément la France entière, comme le fit en son temps le cas du pauvre député Lefebvre confessant sur le plateau de Ruquier qu'on ne pouvait plus trouver de « voiturier » * dans Paris. L'adjoint, le camarade est à l'article de la ruine, de la rue, de la déchéance, des tiques, du mauvais vin, des portes cochères et de la franche affection de la maréchaussée, qui adore chouchouter les SDF.
Et Gérard Collomb de nous rappeler que cet humain sur qui le sort s'acharne cruellement n'aura bientôt plus que 3000€ de revenus par mois.
Quand nous aurons fini de feuilleter quelques statistiques dont la moindre nous dit que la moitié des français ont un revenu inférieur à 1600€/mois, nous irons nous recueillir sur la tombe de l'adjoint, voire lancer une pétition pour que sa veuve vende quelques bouteilles de Cliquot afin d'ériger la statue que mérite cet élu mort de misère, ce qui sera sans doute une première.
A moins qu'elle n'aille quémander auprès du deus ex machina Lugdunum. Il engrange tout de même pas loin de 10000€/mois en tant que premier représentant du peuple lyonnais. Ceci expliquant peut-être qu'il voit plutôt le monde depuis Sirius.
On aimerait parfois voir ceux-ci plutôt que ceux-là par terre, le nez dans le ruisseau. Cela ne serait pas pour déplaire, cette fois, à Rousseau et Voltaire et, si j'osais, à pas mal d'entre nous qui ont encore la faiblesse de croire aux valeurs et d'espérer pour elle des leaders dignes de leurs fonctions.
* Voiturier : salarié d'un hôtel ou d'un restaurant chargé de garer les voitures des clients
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