Une pièce écrite et mise en scène par Didier CaronDécor de Claude PiersonLumières de Franck WilligAvec Gaëlle Lebert (Myriam Moreau), Pascal Mottier (Cédric), Bruno Paviot (Paul Moreau), Virginie Pradal (Babette Clairval), Julien Ratel (Antoine), Samantha Rénier ou Constance Carrelet (Claudine Clairval)
L’histoire : Six locataires d’un petit immeuble organisent dans leur cour une fête pour mieux se connaître. Ils ne seront pas déçus !Cet apéritif convivial commence au champagne, vire vite au vinaigre et s’achève au vitriol…
Mon avis : Un pavé dans la cour est la sixième pièce écrite par Didier Caron. Il y confirme un formidable talent d’auteur moderne de comédies de mœurs. Cette pièce est réellement « Un vrai bonheur ». Un vrai bonheur à jouer pour les six comédiens qui en composent l’affiche, et un vrai bonheur pour le public qui prend un énorme plaisir à les voir s’affronter dans un règlement de compte d’une heure et demie.
Ça commence par une sorte de round d’observation. On s’envoie des petites piques, des allusions perfides, des reproches mesquins… Cela nous donne le temps de bien saisir les profils psychologiques de chacun. Chaque mentalité est remarquablement dessinée. Il faut dire que, dès le début, Paul Moreau, l’instigateur de cet apéritif entre voisins, met la barre très haut. Cet individu se révèle être tout à la fois – accrochez-vous, car c’est un redoutable cumulard – psychorigide, ronchon, radin, réac, raciste, égoïste, misogyne. En revanche, il n’est absolument pas faux-cul. Il se complaît au contraire à dire tout haut ce qu’il pense, surtout quand c’est du mal. Alors, autour de lui, chacun à sa façon va tenter de se mettre au diapason… Après quelques touches à fleuret moucheté, on prend la mouche, et les assauts deviennent plus directs, plus appuyés. Malheur à celui qui n’assure pas sa garde.
Il faut saluer la perfection de la distribution. Tous les comédiens sans exception ont l’air de vrais gens. Et chacun d’eux doit se régaler à interpréter un personnage aussi bien dessiné. Ils sont tous impeccables. Sans vouloir faire ombrage à leurs partenaires, je donnerai toutefois une petite mention particulière à Bruno Paviot (Paul Moreau) pour son irrésistible talent à se faire unanimement détester, à Julien Ratel (Antoine) pour ses attendrissantes fragilité et gaucherie, et à Constance Carrelet qui nous offre une prestation émouvante toute en nuances et en révolte contenue. Mais ils sont vraiment excellents tous les six.Et bravo enfin à Didier Caron pour l’impressionnante qualité de son écriture. Quel dialoguiste !