Auteur: Dominique Manotti
Titre: Bien connu des services de police
Edition: folio policier
Date de parution: 10-03-2011
ISBN: 9782070442003
Quatrième de couverture: « Le commissariat de Panteuil, banlieue nord de Paris, incarnation de la «nouvelle politique de sécurité» du ministre de l’intérieur? C’est en tout cas ce que souhaite sa commissaire en cet été 2005. Ce haut fonctionnaire de la police ne manque pas d’ambition : sa politique de maintien de l’ordre dans les quartiers, radicale, théorisée, doit servir les objectifs du ministre et, en passant, sa propre carrière. Ses hommes, sur le terrain, s’y emploient à leur manière. Ils font comme ils peuvent, donnent des gages à la hiérarchie, s’arrangent avec les faits, avec les statistiques, avec les règles – ils font le métier, quoi! – dans un climat de tension, de violence et de mensonge, avec la population, avec les «jeunes», avec les autres. Noria Ghozali, commandant aux Renseignements généraux, observe avec intérêt la vie et les soubresauts de ce commissariat, et notamment les contacts qui sont noués – sans doute pour la bonne marche des enquêtes –, entre certains policiers et certains grands voyous. Et puis, soudain, des squats, peuplés de travailleurs immigrés, brûlent… »
J’ai été très surpris et agréablement impressionné par la qualité littéraire et par la truc qui en jette dans ce roman. Première lecture (un peu fortuite) de Dominique Manotti, Bien connu des services de police, édité chez folio pour le format poche fait une entrée fracassante dans mon top ten (en réalité, je n’ai aucun top ten) des romans policiers, entre Ed McBain et un Yasmina Khadra en pleine forme, comme dans La part du mort.
Dans ce roman l’auteure nous donne une fine analyse de la politique sécuritaire sarkozienne, alors ministre de l’intérieur et futur candidat à la présidentielle de 2007, dans laquelle drogué, proxo, émigré clandestin et étrangers, font partie de la même catégorie, celle des dangereux suspects, si ce n’est pas celle des coupable qu’il faudrait presque pondre.
Dans un commissariat de la banlieue nord de Paris, de jeunes bleus naïfs côtoient d’anciens flics expérimentés et désabusés. Dans les deux catégories les dérapages et les bavures semblent faire partie de la routine quotidienne, et le maquillage des faits des us ancestraux. Mettez-y une commissaire descendante d’un militaire ayant fait la guerre d’Algérie, et dont le chauffeur est sympathisant d’extrême droite, et plus au moins membre actif à ses heures perdues, lui, descendant d’un militant de l’OAS. Ces deux parmi d’autres travaillent dans un territoire rempli d’arabes et de noires, il y a déjà de la matière ! Ajoutez-y une descendante d’un harki au passé personnel chargé, plutôt de gauche, et qui enquête pour le compte des renseignements généraux.
L’ambiance est sombre et noire, on côtoie les personnages, on apprend à les connaitre, et à la fin du livre on croirait bien les avoir personnellement connus.
Universitaire et agrégée d’histoire, Dominique Manotti s’est spécialisée dans l’écriture de romans policiers dans lesquels l’Histoire est davantage que le cadre du roman. ‘Sombre sentier’, paru en 1995, traite des ateliers de confection clandestins à Paris au début des années 1980, ‘A nos chevaux’, ‘Kop’ et ‘Nos fantastiques années fric’ décrivent la France des années 1990. ‘Le corps noir’ paru en 2004 au Seuil est le premier roman de Dominique Manotti sur l’Occupation.*
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