Magazine Poésie
un mort à la frontière
est reconduit à son berceau
marcher
yeux levés
pour
ne pas voir
l'intérieur de la terre
les ossements
la carrière
où s'engorgent
les pensées mortes
le trou agrandi d'eau
les poissons qui ne survivront pas
fixer la cime
où se balance
un rire léger
il a neigé ce matin
la rue effacée sous le blanc
la maison engloutie
reprendre
là où
un rien se fige en glace
miroir pour notre faim
les pas cadenassés
jeune bonheur froid
aux rives du fleuve
aspiré par le sable
on aperçoit des corps
rougis
dans un enfoui
de lumière
pendant que
la crue
ravage les visages
peau écorchée
beauté furtive
impossible à sauver
les mots fondent sur la langue
les doigts tremblent
toute cette rage
d'éternité
en pure perte
jusqu'à la prochaine fois…