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je vous serai comptable, et reprochable, de cette guerre du feu qui vient de commencer….

Publié le 13 février 2013 par Mister Gdec

7801237-rupture-de-la-chaine-3d--sur-fond-ressebling-feu-ou-la-chaleurUn homme de 43 ans est mort en s’immolant par le feu devant une agence de Pôle emploi à Nantes, mercredi 13 février en milieu de journée.

L’homme, un chômeur en fin de droits d’indemnisation, avait prévenu lundi plusieurs médias locaux de son intention de passer à l’acte dans la semaine devant son agence de Nantes-Est, pour protester contre le rejet de son dossier alors qu’il estimait avoir travaillé suffisamment d’heures. Le quotidien local Presse Océana publié sur son site deux courriels envoyés mardi par cet homme :

Mardi 12 février, 10 h 12 : « Aujourd’hui, c’est le grand jour pour moi car je vais me brûler à Pôle emploi. J’ai travaillé 720 h et la loi, c’est 610 h. Et Pôle emploi a refusé mon dossier. »

Bien sûr, la direction de l’Agence locale, départementale, régionale et nationale dira sur toutes les ondes et dans tous les médias avec une mécanique bien huilée par un processus de communication sans failles et remarquablement professionnel que tout a été fait dans les règles, et qu’on lui a proposé plusieurs solutions concertées et adéquates… Puisque ce que l’article ne dit pas, c’est qu’on lui réclamait de surcroît un indû, l’ayant en effet surpayé par une allocation plus que royale qu’il ne méritait pas puisqu’il s’était trompé dans son calcul de quelques heures… Le prix de la vie humaine ?

Bien sûr, on dira que cet homme était fou, qu’il n’était pas que chômeur, ou chercheur d’emploi en fonction de la terminologie technocratique qu’on voudra bien adopter comme une dernière indulgence, une petite trace d’humanité qui subsisterait encore dans ce monde de brutes froides et dénuées de tout affect, de toute capacité de remise en question, parce que cela ferait trop mal… On se réfugiera donc derrière une étiquette plus ou moins justifiée par une science psychiatrique qui n’en est pas une, en invoquant sa souffrance personnelle, ses difficultés familiales, son vécu compliqué, ses probables névroses… ou toute autre explication indiscutable.

Et puis l’on finira par oublier celui là, comme les autres, que ce soit cet Untel qui lui aussi s’est immolé devant la CAF de Mantes la Jolie, ou celle-là, un beau  jeudi matin,  dans la cour du lycée Jean-Moulin de Béziers (Hérault), à l’heure de la récréation devant des élèves et des professeurs. Et cet illustre prédécesseur, maillon faible mais premier de cette macabre chaîne du feu qui eut pour nom Nicolas Grenoville, salarié anonyme de France Télécoms, mort sur l’autel de la rentabilité… qu’un habile politique aux mots plus doux que les miens a su habiller pour sa mort d’habits plus policés que ceux de la violence de son décès, pourtant insupportable aux yeux de tous, même ceux des mécréants dont je suis.

Combien vous en faudra-t-il donc d’autres pour réagir, et mettre à bas ce vieux monde froid qui s’habitue si détestablement  à ces morts devenues péniblement banales… Il a pourtant fallu une seule tentative d’immolation à Sidi Bouzzid pour qu’un peuple se soulève… qui a encore le courage de renouveler sa colère aujourd’hui ! Et nous serions plus civilisés, nous permettrions le plus petit mépris à leur endroit, comme ces islamophobes occidentaux qui se sont tant réjoui de la tutelle d’Ennahda  sur la Tunisie, qui confirmait si idéalement n’est-ce pas,  leurs propres peurs ancrées dans un mental si dérangé par des fantasmes coloniaux….  ? Permettez moi de sourire… De ce rictus qui en dit assez sur la valeur que j’accorde à un tel monde prétendument civilisé. Un monde qui ne mérite que crachats et mépris, que je rejette de toute ma force et de toute mon âme, parce qu’il ne sait plus obéir à la moindre valeur fondamentale, hors du règne de l’argent roi. Un monde que je déteste au point de le vouloir voir cramer sans jamais renaître de ses cendres pour qu’enfin soit respectée  la douleur de  ceux qui assistent et subissent cette agonie d’un monde qui court à sa perte pour avoir oublié nos valeurs communes.

N’oublions pas.


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