Notre héros a mal au dos.
Je connais un tas de gens qui ont mal au dos. Moi par exemple, j’ai souvent mal au dos. Vous aussi peut-être que vous avez horriblement mal au dos en lisant cette phrase.
Dans Je vais mieux, David Foenkinos explore les tourments d’un quarantenaire sans nom. Je ne m’habitue pas à ces romans où le héros ne s’appelle pas. Je ploie sous la culpabilité lorsque la dernière page tournée je n’ai pas su de qui on parlait. Le héros est un “je” comme les autres. Ce “je” a une femme qui s’appelle Elise, deux enfants qui ont quitté le cocon familial pour faire leur vie, un très bon pote dentiste – Edouard – et sa femme, une artiste au foyer, des parents avec lesquels il entretient des relations conflictuelles. Jusqu’ici, rien à signaler.
C’est l’histoire de ce mec qui a mal au dos et qui pendant 336 pages essaie de ne plus avoir mal au dos. C’est aussi simple qu’un mal de dent.
Ce roman est une fable absurde, comme la plupart des romans de Foenkinos avec des passages vraiment jubilatoires.
J’ai lu certaines critiques disant que ce livre était plus sérieux que les autres. Alors là franchement je vois pas. C’est pas parce qu’un mec a mal au dos qu’il faut le prendre davantage au sérieux.
J’ai lu aussi des critiques qui spoilaient. Alors je ne dirais rien car j’ai attendu avec impatience que… (spoiler) mais ça n’est arrivé que vers la page 200. Abusé.
Le héros se débat entre ses souffrances physiques et ses tracas quotidiens (sa famille, son boulot, ses examens de santé), le tout formant un conglomérat d’emmerdes indissociables.
Soyons franc, j’ai été bien moins charmée cette fois-ci, mes titres préférés de Foenkinos étant La Délicatesse, Les Souvenirs et Lennon.
Pour reprendre l’expression, j’en ai très vite eu plein le dos de ce roman. Je trouvais qu’il tournait un peu en rond. Je voulais que David change un peu de style, j’avais l’impression de me faire balader. J’ai lutté pour arriver jusqu’au bout et j’ai ressenti une certaine lassitude à chaque page que je tournais.
Si vous découvrez l’auteur, vous saurez certainement apprécier son 13ème roman. Moi, j’avais l’impression de lire un recueil de citations. Y a trop de style, ça tue toute spontanéité. C’est trop écrit, trop prévisible.
Extrait:
“Je n’avais rien dit à Elise de ce que j’avais vécu la veille au bureau. De manière évasive, j’avais laissé entendre que tout s’était bien passé; et finalement, il n’avait pas été très compliqué de s’extirper ainsi de la vérité, car elle avait aussitôt parlé d’autre chose. Son intérêt pour ma cruciale réunion avait été évoqué avec cette politesse de ceux qui vous demandent si vous avez passé une bonne journée sans vraiment écouter la réponse. Notre couple baignait dans cette affection polie où il est si facile de survoler les plaies de l’autre. Cacher ma vie ne nécessitait nul effet violent. En général, ce que je vivais n’était pas soumis à une attention débordante de mon entourage. Au fond, je me mentais sûrement un peu: j’aimais le secret pour me conformer au manque d’attention des autres. Si quelqu’un venait à me poser la moindre question personnelle en manquant un réel intérêt, j’étais prêt à raconter ma vie de fond en comble. J’enviais parfois l’impudeur de ceux qui parlent d’eux pendant des heures, perfusés à l’égocentrisme douillet.”
Les personnages peuvent avoir un caractère suisse et dormir sur des matelas suédois.
Oui ça va on a compris.
Moi j’ai mal aux jambes en ce moment, vous croyez que c’est le stress?