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Dubaï

Publié le 13 février 2013 par Toulouseweb
DubaïEmirates poursuit son irrésistible ascension.
Toutes les ressources du vocabulaire aérien ont été épuisées : cas d’école étonnant, exception culturelle, défi aux rčgles fondamentales de la Convention de Chicago de 1944, enfant terrible de la déréglementation, tęte de pont d’une nouvelle génération de compagnies qui vont mettre toutes les autres ŕ terre. Ou encore preuve éclatante de l’incapacité des intervenants historiques de s’adapter ŕ des rčgles nouvelles, pourtant instaurées par étapes, voire ŕ doses homéopathiques.
Dubaď et sa compagnie Emirates sont les exemples flamboyants de cette čre nouvelle. Et, jour aprčs jour, de nouveaux développements nous rappellent qu’ils ne constituent probablement que le début de l’histoire. Cette semaine-ci, par exemple, le prétexte est mince, sans surprise, la mise en service d’une nouvelle aérogare dédiée aux seuls A380, un bâtiment d’une grande élégance capable de recevoir simultanément une vingtaine de ces trčs gros porteurs. Une maničre de noter au passage qu’Emirates est, de loin, le plus gros client d’Airbus pour ledit A380, avec 31 exemplaires en service, 59 autres en commande et d’autres prévus ŕ plus long terme. Emirates est un transporteur long-courrier, mondial, solidement installé sur les grands axes, et fort d’une excellente image de qualité et de fiabilité.
Cette réussite serait presque banale, preuve du bien-fondé d’une stratégie solide, du bon usage exemplaire de ce qu’il est convenu d’appeler la Ť6e libertéť si elle n’était le fait d’une compagnie quasiment dépourvue de marché national. Emirates est au service d’un formidable hub aux ambitions planétaires, plaque tournante d’un monde aérien qui n’a plus rien ŕ voir avec celui des pčres fondateurs. Un monde sans limites, qui ne connaît pas de contraintes, qui fonctionne comme si les fuseaux horaires n’existaient plus. Un monde oů l’organe crée la fonction, oů les ouvertures de lignes engendrent de nouveaux flux de trafic. Et cela avec des résultats solides, brillants, qui font mentir les analyses et les prévisions des analystes de tous bords, des groupements professionnels. Emirates aspire le trafic et, quand ce n’est pas le cas, elle le crée.
On pourra bientôt le vérifier, une fois de plus, quand seront connus les résultats financiers de l’exercice fiscal qui sera clôturé ŕ la fin du mois prochain. On sait déjŕ qu’Emirates annoncera un chiffre d’affaires en progression de 18 ŕ 20%. En six mois, ses bénéfices ont fait un bond en avant de 104% pour atteindre l’équivalent d’environ 465 millions de dollars. Et ce n’est d’une certaine maničre qu’un début, avec moins de 200 avions et malgré des difficultés économiques qui n’épargnent pas les émirats. Ainsi, Tim Clark, directeur général d’Emirates, ne cesse de répéter que rien ne peut justifier le prix actuel du pétrole, entre 110 et 115 dollars le baril, alors, dit-il, qu’il devrait plutôt tourner autour des 75 dollars.
La remarque est intéressante, justifiée mais secrčtement insidieuse : Tim Clark, ce faisant, et sans prendre la peine de le répéter, rappelle que Dubaď n’a tout simplement pas de pétrole, que sa compagnie ne bénéficie aucunement, en cette matičre, de quelconques avantages. Et cela contrairement ŕ des idées reçues qui ont la vie dure.
Dans le męme temps, Dubaď plaque tournante ne cesse de croître et embellir. Un plan d’investissement de prčs de 8 milliards de dollars va porter sa capacité ŕ 90 millions de passagers par an ŕ l’horizon 2018 et le nombre de points de stationnement va passer de 144 ŕ 230. De quoi bousculer toutes les références passées.
Pourquoi cette volonté de croissance ? Tout simplement, si l’on ose dire, parce qu’elle sert une volonté de développement économique qui vogue d’un succčs ŕ l’autre. Oxford Economics estime l’apport du transport aérien au PNB ŕ deux milliards et demi de dollars. Et il assure 125.000 emplois, dont 58.000 directs, auxquels s’ajoutent 134.000 emplois liés ŕ l’industrie du tourisme. On retrouve ainsi une expression usée selon laquelle on peut connaître le bonheur grâce ŕ des idées, faute d’avoir du pétrole. C’est, dans ce cas-ci, quasiment de l’humour involontaire.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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