Attendu comme le messie par certains, Dishonored a su se faire attendre. En effet, son développement a duré plus de trois ans (développé par Arkanes Studios, des développeurs français ma bonne dame !) et l’éditeur est tout simplement Besthesda, les petits gars qui ont développé Fallout et The Elder Scrolls et édité Rage. Aussi, via une vaste opération marketing, il a été vanté que ce FPS-infiltration aurait un gameplay libre et innovant dans un monde semi-ouvert en laissant le joueur avoir le choix des armes, du style d’approche (infiltration, bourrin ou un peu des deux) et avec un univers soigneusement travaillé où n’importe quel choix aura une conséquence sur la suite de la narration. Alors finalement, qu’en est-il ?
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Scénario et background : 15/20
Dishonored, un jeu très particulier.
Dunwall, capitale de l’Empire ayant fait fortune avec le commerce et l’exploitation d’huile de baleine, est ravagée par la peste et son impératrice est assassinée devant vos yeux, les yeux de Corvo. Vous étiez le protecteur de l’impératrice Kaldwin jusqu’à son assassinat et, seul sur les lieux, vous êtes accusé de son meurtre et condamné à mort pour ne pas gêner le sombre complot qui se trame : apparemment, le meurtre de l’impératrice est une aubaine pour le « Maître Espion » (entre autres) qui profite de l’occasion pour s’improviser Lord Régent, c’est-à-dire empereur le temps que la fille de l’impératrice soit en âge de gouverner et plus si affinités. Déshonoré, vous êtes donc en attente de votre exécution, quand un mystérieux groupe d’individus (les « Loyalistes ») vous aide à vous échapper de la prison pour restaurer votre honneur, en faisant éclater la vérité au grand jour et en renversant le régime tyrannique des membres du complot. Il s’ensuivra donc plusieurs missions d’assassinat de personnalités du nouveau gouvernement corrompu jusqu’aux os. Si le scénario de Dishonored a l’air, à première vue, d’une banale histoire de vendetta sur fond de complot politique, il n’en reste pas moins que le fil conducteur du jeu est diablement efficace : en effet, en proposant d’effectuer plusieurs choix ayant une incidence sur le monde qui vous entoure et la suite du scénario, le jeu vous propulse dans une dimension narrative où le joueur choisit entre la vengeance sanguinaire et la clémence du bon samaritain. Il est en effet possible de finir le jeu sans jamais tuer qui que ce soit, à part les rares cibles que l’on doit obligatoirement exécuter de sang froid (Deux Ex me souffle t-on dans l’oreillette). C’est d’ailleurs là que réside une grande partie de l’intérêt du titre : vous pouvez tuer tout le monde de la façon la moins subtile du monde, ou ne tuer que les cibles, ou bien même faire acte de clémence, mais les bougres auront un avenir à peine plus enviable que la mort. D’ailleurs, le nombre de morts, de corps retrouvés… auront une incidence sur votre score de fin de mission, ainsi que sur la suite du l’histoire : plus il y a de morts, plus il y aura de geignards (pestiférés) dans les rues ainsi que des hordes de rats assoiffés de sang, entre autres.
Cependant, tout cela est loin d’être parfait. Si le scénario en lui même, à première vue plutôt libre, fait son travail, la narration souffre d’un rythme mal géré où tout s’enchaîne trop vite et qui donne une impression trop brouillonne : « tu as neutralisé Machin ? Allez je te donne ceci et tu vas vite neutraliser Bidule. Tchao bisou on s’appelle. », même si les quelques rebondissements du fil scénaristique vous tiendront en haleine. Mais cet aspect est largement compensé par le « background » (l’univers du jeu pour les plus francophones d’entre vous) plutôt riche, qui vous emmène à la découverte d’un monde aux allures steampunk, en plein essor industriel et économique (et paradoxalement ravagé par la peste) : des livres qui vous en diront beaucoup sur le monde qui vous entoure ainsi que sur certains habitants, des conversations à espionner, la secte locale qui fait office d’Eglise nationale à comprendre (et à redouter)… Bref, tout est là pour vous donner la vision d’un monde plein de vies (et de morts) avec une histoire riche et intéressante Enfin, il faut savoir que Dishonored possède plusieurs fins (trois fins) qui dépendent essentiellement du nombre de morts que vous avez laissés sur le macadam.
Gameplay : 18/20
Essayer de ne tuer personne, relève vraiment du défi par moment.
Intéressons-nous maintenant à la jouabilité. Comme dit précédemment, une vaste opération marketing avait promis aux joueurs un gameplay innovant et efficace. Finalement, qu’en est-il ? Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps : c’est une réussite. Tout d’abord, il est assez rare de voir des FPS avec une telle fluidité, et cela est renforcé par le fait que l’on peut sauter de toit en toit, escalader une parois s’agripper à telle ou telle chose, se baisser… sans jamais se demander si on va y arriver ou pas : la fluidité est là et c’est un vrai plus. D’ailleurs, une grande partie de cette fluidité est renforcée par un level design d’excellence. En effet, contrairement à la plupart des FPS avec un monde semi-ouvert, il n’y a pas le chemin bourrin et le chemin discret, mais une multitude de chemins abordables de (presque) n’importe quelle façon ! Ainsi, il n’est pas rare qu’un seul chemin puisse offrir deux ou trois façons de l’aborder : discret, bourrin, désactiver les systèmes de sécurité ou les retourner contre vos ennemis etc.. Un autre point fort du jeu (sur lequel le marketing ne tarissait pas d’éloges) est le système de pouvoirs. Grosso modo, Corvo , en plus d’être assoiffé de vengeance, fait la rencontre du Satan local, « l’Outsider ». C’est un genre de dieu qui joue avec les humains et donne plusieurs pouvoir à Corvo : téléportation, possession.. Il y en a en tout six. Si ce chiffre est bien maigre, il est possible de combiner les pouvoirs entre eux et avec des armes : par exemple, figer le temps et tirer des carreaux d’arbalète sur vos ennemis puis regarder les se faire inévitablement tuer lorsque le temps revient à la normale. Il y a donc un aspect fortement jouissif à combiner les pouvoirs et la multitudes d’armes qui sont à votre disposition. Les combats directs à l’épée sont efficaces, bien que dangereux, et se concluent, si vous réussissez à tenir tête à vos ennemis, le plus souvent par un exécution sanglante à souhait. Les armes peuvent être upgradés (améliorés) à votre planque grâce à l’argent amassé pendant les missions et il en est de même pour les pouvoirs, bien que l’upgrade se fasse par un système de runes, des sortes d’artéfacts disséminés dans ces même missions. A noter que la main droite de Corvo tient l’épée, tandis que la main gauche est attribuée aux pouvoirs et aux armes. Il est aussi possible de se pencher sur les côtés pour regarder quelque chose discrètement (en 2012, c’est encore possible !).
Une autre particularité du titre est que le gameplay n’est pas indépendant du scénario mais s’imbrique avec celui-ci. Cela est surtout vrai pour les divers cibles qu’il faut neutraliser durant les missions. Par exemple, il est possible de tuer une cible discrètement, ou au contraire foncer dans le tas, ou bien même faire en sorte que sa mort ressemble à un accident. Il y aussi des façons plus ironiques de faire mourir les cibles, comme les tuer avec leur propres poison, ou ne pas les tuer en faisant en sorte qu’ils disparaissent de la circulation par divers moyens mais, comme dit précédemment, leurs sorts seront dans la plupart du temps guère plus enviables que la mort. Un autre aspect fort plaisant du titre est l’exploration. A l’aide du « Coeur », sorte d’indicateur de runes et divers objets, vous pouvez explorer les lieux de vos missions et découvrir des éléments de background, des trésors, de l’argent… Cet aspect est mis en avant et il n’est pas obligatoire d’utiliser le Coeur pour vous aider. Le jeu offre aussi une forte dose de challenge pour les plus hardcores des gamers : la difficulté maximale durant toute la durée du jeu, sans jamais tuer personne, ni se faire repérer (faire le jeu en « Fantôme ») est possible, mais s’adresse aux joueurs les plus endurcis et téméraires. L’interface est hautement personnalisable et il donc possible d’enlever tout affichages (HUD, viseur, barre de vie et de mana, indicateur de cible..), ce qui est fort agréable. D’ailleurs, Dishonored est un jeu où on ne vous tient pas par la main pour accomplir vos objectifs (à part les quelques tutoriels au début de l’aventure), ce qui est un gros point fort dans un monde où les jeux vidéo tendent vers la facilité, le casual gaming. Cependant, le jeu n’est pas parfait au niveau du gameplay pour autant, si excellent soit-il. En effet, un des deux gros problèmes du jeu est l’IA et autant vous dire que ce n’est pas bien folichon. Il n’est pas rare de commettre un massacre de soldats, de laisser tous les cadavres sur place et de voir leurs collègues s’approcher des macchabées, chercher un peu et puis déclarer « ça devait être les rats » en rengainant leurs armes, comme si de rien n’était. Ceci peut nuire à l’immersion bien que cela soit compensé par un très large champs de vision des ennemis qui sont, par ailleurs, très agressifs en combat : en face à face, il est presque impossible de survivre quand leur nombre dépasse deux et ils arrivent très vite en surnombre, la fuite étant la seule issue pour votre survie. Le deuxième problème est une trop forte présence de bugs. S’il n’existe pratiquement aucun bug pour tout ce qui est déplacement et combat, c’est surtout les bugs de collision qui posent problème : en portant un corps et en le jetant dans un endroit (pour le cacher par exemple), le fait que ce dernier rentre dans une texture et se mettent à bouger dans tous les sens tel un convulsé, ou qu’il disparaisse tout simplement, est loin d’être quelque chose de rare. Je vois déjà les petits trolls qui diront que c’est la signature de Bethesda mais cela ne gâche vraiment pas l’expérience de jeu
Graphisme et bande son : 16/20
Des paysage post-industriels sont au rendez-vous.
Au niveau des graphismes, il faut voir le jeu sous deux angles : la technique et la direction artistique. Techniquement, Dishonored n’est objectivement pas au niveau des FPS d’aujourd’hui : aliasing et textures baveuses. Il est clair que l’on ne va pas s’amuser à admirer une texture de près, des heures durant. Il faut quand même indiquer que le principal problème est l’aliasing qui est même présent sur l’écran titre. On peut quand même faire une concession : il n’y a que très peu de clipping (sur console !). Concernant la direction artistique, c’est de toute beauté et ça rattrape largement les problèmes techniques : patte artistique d’un style unique (mélangeant esthétique cartoon et réalisme), des personnages un peu caricaturaux dans les traits, des paysages industriels magnifiques entre panorama sur les toits et ambiance claustrophobe à huit-clos. Les jeux de lumières sont honnêtes et particulièrement efficaces quand il s’agit de lumières artificielles, style néon par exemple. Un des points assez impressionnant du jeu est que les développeurs ont réussi à créer une diversité dans les environnements tout en restant dans une même ville dominée par une ambiance industrielle.
Concernant la bande son, c’est du très bon : des doublages réussis malgré la trop grande répétition des mêmes répliques, surtout pour les gardes. Les voix sont assez particulières mais on s’adapte rapidement à l’accent local. Les bruitages sont aussi réussis et entendre son épée « claquer » contre celle de son adversaire ou tirer un coup de pistolet dans une pièce où il y a l’écho, est particulièrement jouissif. Mention spéciale aux pylônes et portails foudroyants qui annihilent toutes formes de vie en un éclair, avec un bruit qui est si souvent synonyme de satisfaction ! Des bruitages plus discrets comme celui de la mer ou du vent se marient parfaitement avec l’ambiance du jeu. Concernant les musiques, elles se font très discrètes et sont le plus souvent mélancoliques; ce qui renforce la sensation d’immersion. Il y aussi le fameux « coups de piano » quand un ennemi nous aperçoit qui surprend toujours. En bref, la bande son est réussite.
Durée de vie et intérêt : 17/20
Go home guard, you’re drunk.
Nous allons maintenant nous attaquer à la partie sensible du sujet : la durée de vie. Il y a d’emblée deux écoles : ceux qui vont foncer et ne pas apprécier le titre pour ce qu’il est, et qui vont finir la campagne en six ou sept heures, et ceux qui vont prendre leurs temps, explorer, effectuer les quêtes secondaires, s’intéresser au background… Autant vous dire que Dishonored n’a aucun intérêt pour le joueur qui n’aime pas se prendre la tête à farfouiner (ce que je peux comprendre, évidemment) et qui va rusher en passant à côté de 80% du contenu du jeu. D’ailleurs, Dishonored est un jeu qui exploite le plaisir de planifier une attaque donc jouer comme un bourrin n’a pas grand intérêt. Le jeu s’adresse donc aux joueurs patients, explorateurs, qui aiment planifier et qui apprécient de découvrir l’univers d’un jeu (et il y a de quoi faire !). A ce moment là, le jeu se boucle en un peu plus d’une vingtaine d’heures et bien plus si vous voulez vous essayer au mode « Fantôme » (ne jamais se faire repérer), en ne tuant personne durant toute la campagne. Après cela, vient la question de la rejouabilité.
La rejouabilité de Dishonored, une fois ce dernier fini une première fois, peut avoir comme source plusieurs motivations : vouloir voir les différentes fins, jouer autrement, découvrir de nouveaux passages, s’essayer au mode « Fantome », rejouer en difficulté plus élevée… Tout d’abord, il faut savoir que Dishonored ne propose de pas new game +, c’est-à-dire de recommencer l’aventure avec des bonus, ce qui peut être assez rebutant pour des joueurs habitués à ce genre de pratiques très répandues dans le monde des jeux solos. Outre ce petit bémol, on prend plaisir à rejouer au titre pour l’amour de la (re)découverte d’une nouvelle façon de jouer, pour les quêtes secondaires, pour le scoring de fin de mission ou pour finir le jeu à 100%.
Conclusion :
Au final, Dishonored fait partie de ces rares et excellents jeux, rafraîchissants, qui ne vous pas tiennent par la main au moindre petit obstacle. Avec une direction artistique hors norme et un gameplay très efficace, le titre vous immergera dans un scénario un peu stéréotypé et maladroit mais qui vaut son pesant d’or au niveau du système de choix/conséquences et des rebondissements de sa narration. Malgré ses quelques défauts (graphisme un peu dépassé, bug de collision, IA parfois à la ramasse, narration brouillonne), Dishonored saura convaincre les joueurs qui pourront l’apprécier à sa juste valeurs, c’est-à-dire en prenant leur temps et en privilégiant l’exploration. Finalement, Dishonored est un excellent de ces FPS solo, comme on en fait rarement de nos jours, avec des inspirations que l’on pourra lui attribuer (Deus Ex, Thief..), tout restant une expérience unique que l’on n’est pas près d’oublier.
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Note générale : 17/20
La note finale n'est pas une moyenne mathématiques mais une note d’appréciation générale.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble