L’essai nucléaire en Corée du Nord ? Les robes hideuses des Grammy Awards ?
Las ! Ce qui préoccupe ces jours-ci la Grande-Bretagne et la France, frères ennemis de la gastronomie, c’est ce qu’il y a dans leur plat de pâtes Findus. On a trouvé du cheval dans les lasagnes. Ce n’est pas le nom de code d’une opération au Cluedo, mais bien une réalité. Ca s’est passé la semaine dernière en Angleterre. Depuis, en France, on a aussi déniché du canasson dans les « lasagnes à la bolognaise surgelée » de chez Picard, qui ne rigole pas trop et a suspendu la commercialisation des produits.
Scandale. Duperie. Ce qu’on nous a vendu entre deux couches de pâtes comme du 100% boeuf français est un cheval roumain, un émigré de la pire espèce, ou plutôt de la mauvaise espèce. Mais qui est donc responsable de cet affront à la cuisine française ? (Oui, tout le monde semble avoir oublié que les lasagnes sont d’abord un plat italien).
Concernant Findus, les coupables potentiels sont six dans la ligne de mire des médias. Le préparateur français Comigel, sa filiale luxembourgeoise Tavola, le fournisseur français Spanghero, le trader au Pays-Bas, son homologue à Chypre, l’abattoir roumain Doly-Com. Tous ceux-là se renvoient la balle avec autant frénésie et de courage que l’équipe de France en Afrique du Sud. Le directeur de l’abattoir a un argument imparable : « nous avons vendu du cheval, quelqu’un sur le trajet a changé l’étiquette ». Et se pose des questions pertinentes : « comment se fait-il qu’une grande compagnie qui transforme des milliers de tonnes de viande n’ait pas été capable de faire la différence entre cheval et boeuf ? ». Oui, vraiment, nous aussi, on se demande.
Pendant que les marques paniquent et parquent leurs barquettes pré-cuites, les autorités sortent l’artillerie lourde. La France a confié une enquête à la Direction générale de répression des fraudes (DGCCRF). Les ministres européens se réunissent à Bruxelles, capitale du chou, sans doute afin d’éviter les débats sans fin sur la saucisse de Francfort. Le coupable est donc activement recherché dans le milieu de la viande.
À moins que les responsables de l’indigestion collective soient ceux qui régalent le web de leurs blagounettes de bon goût (surgelé, le goût).
Le pape intoxiqué par des lasagnes il ne savaitpas que findus voulait dire cheval en Latin !
— Laurent Ruquier (@ruquierofficiel) 11 février 2013
Avoir l’estomac dans les talons. Se faire réchauffer un plat de lasagnes Findus. Avoir l’étalon dans l’estomac.
— Marjorie ☎ (@Marjorelsan) 12 février 2013
L’humour à l’anglaise (Huffington Post UK)
Mais au fond, est-ce vraiment un problème de manger du cheval qui se prend pour un boeuf ? Quelle religion interdit le poney en sauce ? Toute considération Brigitte Bardesque mise à part, ne devrait-on pas s’estimer heureux de déguster du canasson à prix d’ami ? Le débat est ouvert.
Puisque l’idée d’ingérer du cheval à l’insu de leur plein gré choque autant les braves citoyens que les adolescentes fans de Grand Galop, on ose à peine imaginer leur réaction si ç’avait été de la viande de licorne. Procès des hipsters à Comigel, descente en flammes des Croustibat Findus sur Tumblr… La révolution.
Chez Blasphère, on attend fébrilement la fin de ce roman policier. Après tout, on laisse pas Findus dans un coin. Mais soyons clairs, ce n’est pas de la solidarité gustative. Lecteur, pour manger mieux, tu n’as pas besoin de courir le monde comme un cheval sauvage. Juste de préparer ta propre pasta et d’arrêter d’acheter n’importe quoi.