Voyage chez les dandys de Brazzaville

Costumes de grands couturiers, chaussures anglaises, accessoires clinquants, improvisations hasardeuses, les membres de la “société des ambianceurs et des personnes élégantes” (SAPE) de République démocratique du Congo (RDC) commémoraient dimanche 10 février, à Kinshasa, leur fondateur Stervos Niarcos Ngashie, mort en 1995.

Le Congo a beau être, avec 68 millions d’habitants dont 71% qui vivent avec moins d’un dollar par jour, un des pays les plus pauvres du monde, il n’empêche pas certains de s’adonner au plaisir du shopping et du “m’as-tu vu”. Costume anglais, italien ou français, la commémoration est aussi l’occasion de défier d’autres dandys de rue. On montre fièrement l’étiquette “Gucci” de ses chaussures ou de son costume pendant que l’autre, en face, fait de même avec un pantalon Dolce & Gabbana.

Ces dandys africains font parti d’un mouvement apparu au Congo à l’époque de la colonisation française. S’inspirant du mythe de la sophistication parisienne, les Sapeurs (comme on les appelle) ont au fil des années développé leur propre style. Originalité et distinction donnent des résultats hauts en couleurs dans les rues de la capitale, Brazzaville.

Pour ces dandys, la mode est plus qu’un simple élément d’apparat. C’est un style de vie. C’est cette conduite de savoir-vivre et de respect de soi que le photographe Hector Mediavilla a voulu capter avec son appareil photo. Il s’est rendu sur place pour y réaliser plusieurs clichés. En résulte un livre retraçant le quotidien des Sapeurs.

Son travail autour de la Sape lui a valu plusieurs récompenses dont le prix Picture of the year en 2006. Mêlant photographies et textes (en français, anglais et espagnol), S.A.P.E peint ce mouvement de mode si particulier. Les habits viennent de fripiers qui importent au poids des vêtement usagers d’occident. Dés que la paie tombe, ils fouillent dans les tas au marché jusqu’à trouver un trésor : une chemise ou un pantalon signé.Un véritable spectacle de rue où l’on peut voir un bal de costumes, chaussures à glands et fourrure (sous 30°, ne l’oublions pas) où chacun défile, s’apostrophe et parfois pose, comme des mannequins. Une activité que beaucoup pratique le dimanche avec ses amis, pour divertir et se faire plaisir. Du street style à la façon congolaise.S.A.P.E aux Editions Intervalles, 39 euros, dès le 15 février.