Pas plus tard qu’hier, un collègue nous racontait les mésaventures de son super papier — un truc un peu inhabituel —, qui avait été soumis à Nature, puis Science, puis dans les PNAS, puis [etc etc] jusqu’à finalement arriver dans des revues de facteur d’impact plus raisonnable. Et encore le rejet. Maintenant, il commence à resoumettre dans des revues avec des facteurs d’impact plus élevés. Une courbe en cloche inversée, en quelque sorte. Et qui sait, il pourrait bien, comme le disait Mathieu, finir dans Nature.
Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est surtout de voir la pile de revues — les commentaires d’autres scientifiques — accumulée au cours de la rédaction de ce papier. Ou l’on se dit qu’un papier, c’est comme une bonne bouteille, ça devient meilleur avec le temps.
A chaque passage entre les mains de ses pairs, le papier a reçu des critiques, des conseils, on a insisté sur les points positifs. Et finalement, tout ça a été pris en compte dans les révisions successives.
La review, dans cette optique, ce n’est en fait rien de plus que la coopération entre chercheurs à son stade le plus avancé. Et c’est plutôt une bonne chose.
Seulement, il est possible de détourner le système. Imaginons un papier écrit un peu vite. Envoyons le à une revue “bien, mais pas top”, pour commencer. Trois semaines plus tard, on se fait jeter, avec quelques commentaires. On reprend le travail, on prend en compte ce qui a été dit, et on remonte un peu en facteur d’impact. Deuxième soumission, deuxième échec, et deuxième vague de commentaires.
Et après trois ou quatre rounds de review, on se retrouve avec un papier qui tient la route, qu’on peut envoyer dans une bonne revue. Félicitations, vous avez détourné le système!
Note : Petit billet en attendant que le thermocycleur se libère… Mais qui attend quelques réactions!