Wat Kor, Battambang, Cambodge
Il y a deux dames à Wat Kor, et deux maisons de bois. Le premier article de la série se trouve ici.
Reprendre la route avec regret. Vouloir en savoir plus. Partager l’intimité lourde du moment et prolonger la plongée. Il faut quitter la petite dame de Wat Kor.
Plus loin, autre panneau, autre maison, autre sensation. Le bleu du mortier dessine la trace des années, élégante bulle colorée au milieu du jardin. Une autre petite dame de Wat Kor est là, maigre et faible.
La seconde maison de Wat Kor – Battambang
Souvenirs d’avant. Avant l’assassinat des freres et soeurs et des parents, par l’un de ses frères. Bien obligé. « Trop de monde ici » avaient hurlé les soldats, en priant le frère de procéder à l’éxécution. La petite dame de Wat Kor plonge son regard dans l’air, l’air du temps, l’ocre de l’air, la chaleur du souvenir. Le regard vite se concentre sur l’armoire. Le lieu de survie. Elle ne dira rien mais c’est inutile.
Dans cette pièce chargée de peur, de douleur et de souvenir traînent çà et là des petits objets, statuettes, cartes postales d’un temps où le temps s’écoulait paisiblement.
Le poids des années, la porte, la maison
Puis des marques sur les meubles : fantômes de bouddhas posés là, partis en 1975, détruits.
La petite dame de Wat Kor accueille les gens de passage. Chambre simple, volets coulissants en bois, petit vent traversant le lieu, un lit, une moustiquaire.
Elle vit avec son frère. Même regard, même attitude : tu es le bienvenu, nous partageons nos silences avec toi si tu les accepte. Elle est malade.
Sera-t-elle encore là lorsque je lui rendrai une prochaine visite ?