Non le recruteur n’est pas là pour vous déstabiliser

Publié le 10 avril 2008 par Claire Romanet

Encore une fois, me voici en entretien candidat avec face à moi un homme qui met au moins cinq bonnes minutes pour parvenir à lever les yeux. Mais regardez-moi dans les yeux SVP, je ne suis pas le Diable !
En professionnelle de la communication interpersonnelle, évidemment, tous ces signes sont grandement évocateurs (stress, timidité, manque d’assurance, ...). J’en prends bonne note sans m’y attarder et fais en sorte de le mettre à l’aise (merci la PNL ;-)). Ouf, c’est bon… le voilà qui libère ses mots, ses gestes, on y arrive, on va pouvoir commencer à bosser.
Souvent on nous donne, à nous recruteurs, un rôle assez pervers, nous accusant d’user de toutes les méthodes pour déstabiliser, prendre en défaut, voire pousser à la faute (vous noterez la différence entre le passif « prendre en défaut » et l’actif « pousser à la faute »).
Il faut sortir de ce schéma réducteur, ce n’est pas ça notre métier. Nous ne sommes pas là pour vous embêter. Notre objectif est de mieux vous connaître, d’appréhender un objectif professionnel tout autant qu’une personnalité. Certes, la tentation est grande est de se placer en juge, mais ce n’est pas là le propos (ou alors c’est celui des « mauvais » recruteurs). Il faut que le consultant soit objectif par rapport à votre profil et les postes qu’il peut avoir à l’instant T. D’ailleurs, si le poste qu’il a à pourvoir à ce moment-là ne convient pas, cet entretien est déjà un point d’entrée important pour une opportunité future car les consultants sont, pour des raisons pratiques de planning, très sélectifs sur les personnes qu’ils rencontrent.
En entretien, nous devons donc arriver à échanger le plus naturellement possible, ce qui induit que vous ne soyez pas coincé dans un « rôle à jouer » et que vous puissiez, dans la mesure du possible bien sûr (un entretien est toujours stressant, y compris pour nous car cela demande un effort de concentration énorme), vous montrer tel que vous êtes.
A quoi sert en effet de montrer de vous un autre visage ? Pour convaincre votre interlocuteur ? Mais savez-vous bien, déjà, ce qu’il attend de vous ? Pensez-vous sérieusement pouvoir le tromper ? Enfin, sachez que c’est une énergie folle pour peu de résultat car une fois en poste, le naturel reprendra évidemment le dessus.
De toute façon, on est toujours moins bon quand on se donne un rôle que lorsqu’on est soi-même.
Le recruteur n’est pas là pour vous saquer, son rôle est d’évaluer l’adéquation d’un projet et d’un poste. Quant à la personnalité, c’est effectivement une valeur difficile à cerner, mais primordiale pour votre future intégration en entreprise, vous avez donc tout intérêt à ce que le consultant comprenne bien qui vous êtes et ce qui vous anime.