Pour masquer leur vote en faveur des coupes budgétaires, certains eurodéputés souhaiteraient que les votes soient anonymes.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni.
Ne levez pas le bras trop haut ! Quelqu'un pourrait vous voir...
Les crises de conscience des membres du Parlement européen n’ont clairement jamais été leur point fort. Ils n’ont cessé de répéter qu’ils ne soutiendraient aucune proposition budgétaire pour la période 2014-2020 à moins qu’elle ne comporte une hausse conséquente des dépenses. Ça ne les intéresse pas tellement de savoir dans quel domaine cet « extra » sera dépensé. Savoir que cela « servira à l’Europe » suffit.
Désormais, comme ils font face à ce qui ressemble bien à des coupes budgétaires de long-terme – même s’il existe différentes façons de mesurer ce genre de choses – ils ont inventé une petite ruse. Ils veulent rendre le vote anonyme. Cela en partie parce qu’ils savent que leurs composants, qui doivent faire face à d’importantes mesures d’austérité dans leur propre pays, ne sont pas vraiment d’humeur à envoyer leurs économies à Bruxelles. De fait, c’est parce qu’ils savent que, malgré toutes leurs fanfaronnades, ils manquent de cojones pour s’opposer aux dirigeants de leurs partis nationaux. Si Angela Merkel, Mark Rutte et le reste appellent les délégations de leur parti et leur demandent de soutenir le deal conclu par les gouvernements nationaux, les membres du Parlement européen s’empresseront de se faire bien voir. Un vote à bulletin secret est, comme ça l’a toujours été, un double-rideau dont le but est de protéger les eurodéputés des pressions venues d’au-dessus et de dessous.
Il faut bien se rappeler que, même avec un budget total moins important, la contribution britannique continuera d’augmenter, en grande partie de par sa capitulation sur le sujet des remboursements 7 ans plus tôt. L’argent continuera d’acheter la loyauté des consultants et des contractuels qui sont les bénéficiaires principaux de l’UE. Les voyages aux frais de la princesse et autres projets inutiles et ruineux continueront.
Enfin, il serait grossier de ne pas fêter ce qui, en termes de standards, reste une victoire. Les électeurs britanniques ont fait campagne auprès de leurs députés pour des réductions budgétaires. Ces membres du Parlement, pour la plupart résistants à l’autorité trilinéaire des whip (NDLT : membre d’un parti politique élu au parlement qui vérifie que les membres sont présents lors des votes), ont voté en conséquence, appuyant l’amendement de Mark Reckless qui demandait une réduction sur du long-terme. Et maintenant, le mérite leur revient, il semble que les ministres aient agi. Vous voyez ? Le système marche.
Une telle responsabilité démocratique n’est pas méconnue au sein du Parlement européen, elle est crainte et dédaignée, raillée comme « populiste ». Et donc nous assistons au spectacle des MPEs votant mais ayant honte de le montrer. O wad some Pow'r the giftie gie us to see oursels as ithers see us !
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Sur le web.
Traduction : Virginie Ngo pour Contrepoints.