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Afnor – mettre en oeuvre l’ISO 26000 : quelles méthodes pour aller plus loin ? Part.2

Publié le 12 février 2013 par Vedacom

logo iso 26000Décryptage du rapport de crédibilité

Aguerri sur la norme ISO 26000 ? On passe à la norme XP X 30-027 « Rendre crédible une démarche de responsabilité sociétale basée sur l’ISO 26000″ publiée en décembre 2010, et son rapport de crédibilité ?

Pas un sujet de communicant… détrompez-vous ! Le mot « communication  » a été prononcé plus de 50 fois lors de cette conférence (j’ai arrêté de compter après…). Certains ont d’ailleurs demandé la différence entre ce rapport de crédibilité et une étude de réputation sur la RSE voire d’un rapport RSE. A vous de juger et de commenter…

Quel est l’objectif de la norme expérimentale X 30-027 ?

Faire reconnaître la pertinence et l’efficacité de la démarche de responsabilité sociétale des organisations à leurs parties prenantes, ce qui sous-entend également la reconnaissance de leurs intérêts et la vérification du degré d’acceptation du traitement des impacts des activités.

En quoi cette norme serait-elle un vecteur de crédibilité ?

Par l’analyse du rôle des dirigeants, de la gouvernance de l’organisation, du dialogue avec les parties prenantes, la recherche de pertinence de la démarche de responsabilité sociétale, la formalisation et la reconnaissance de cette crédibilité, son amélioration continue.

Que propose la norme ?

Une démarche en 4 étapes :

  1. Construire une démarche de responsabilité sociétale pertinente en se basant sur la norme  X 30-029
  2. Evaluer la pertinence de la démarche
  3. Vérifier la mise en oeuvre et le résultat de recherche
  4. Valoriser, faire reconnaître la démarche de responsabilité sociétale notamment par la rédaction du rapport de crédibilité

Que précise la norme pour les étapes 2 à 4 ?

  • Etape 2 : Evaluer la pertinence de la démarche programmée

>L’évaluation porte sur les différents éléments ayant servi à construire la pertinence
de la démarche : prise en compte du contexte, des caractéristiques de
l’organisation, de ses impacts au regard des différents domaines d’action, des
mécanismes de dialogue, la gouvernance…
> Elle s’appuie sur la capacité de l’organisation à rendre compte de ses choix et
décisions prises.

  • Etape 3 : Vérifier la mise en oeuvre et les résultats de la démarche

> La vérification porte sur le déploiement de la stratégie et du programme de
responsabilité défini. Elle permet de vérifier l’efficacité des actions conduites et des
résultats atteints au regard des impacts significatifs.
> Elle porte sur : les pratiques et moyens mis en place et leur évolution, l’atteinte des
résultats et leur évolution, la sincérité et la complétude des éléments apportés, la
qualité du dialogue avec les parties prenantes et l’évolution de leurs attentes.

L’évaluation et la vérification peuvent être conduites en interne, par une partie prenante ou un tiers indépendant.

  • Etape 4 : Valoriser et faire reconnaître la démarche

Les étapes 2 et 3 permettent la rédaction, par les acteurs ayant conduit l’évaluation et la
vérification, d’un « rapport de crédibilité ».
Ce rapport de crédibilité :
> rend compte de l’étendue de l’évaluation et de la vérification conduite en indiquant
les parties prenantes consultées, les document examinés, les données et indicateurs
vérifiés, les pratiques analysées.
> précise la pertinence du périmètre au regard de la sphère d’influence prise en compte,
les éventuelles limites à la revue conduite , la pertinence des choix et objectifs au
regard des impacts et des attentes des PP, l’efficacité du dialogue avec les PP,
l’atteinte des objectifs, l’évolution des performances, la prise en compte des évaluations
et vérifications précédentes et l’évolution dans le temps.
> fournit une appréciation globale sur la pertinence et l’efficacité de la démarche.
Ce rapport de crédibilité est destiné aux parties prenantes et gagne à être rendu public.

En quoi consiste le projet pilote ?

Le test porte sur le groupe Pernod-Ricard, holding internationale avec 80 filiales (plus de 19 000 collaborateurs). Ont été analysés : les relations avec les parties prenantes aux niveaux de la holding et des filiales, les documents de responsabilité produits par le groupe, les best pratices du secteur Vins & Spiritueux, la démarche du Groupe au regard de l’ISO 26000 et de la propre expertise des 3 experts.

Qui sont les experts évaluateurs ?

Comment s’est déroulé le projet pilote ?

89 interviews ont été réalisées de juin à octobre 2012  :

  • 12 interviews de dirigeants clés de la Holding
  • 41 interviews externes (avec la sélection de parties prenantes pour les 7 questions clés de l’ISO 26000) choisies avec les équipes RSE – certaines parties prenantes ne connaissaient pas les pratiques RSE de Pernod-Ricard
  • 36 interviews dans 3 filiales : 1 entité de production (Italie), 1 marque (Chivas – Royaume-Uni) + 1 entité Market place (Asie)

Quels ont été les axes du questionnaire pour les parties prenantes externes ?

  • les relations avec Pernod-Ricard,
  • les préoccupations générales des parties prenantes en matière de responsabilité sociétale,
  • les réponses de Pernod-Ricard au regard de ces préoccupations,
  • leurs attentes.

Ce qui a conduit à une analyse sur la qualité du dialogue, la pertinence de l’engagement, la perception des parties prenantes des performances de l’entreprise en matière de responsabilité.

Quels ont été les axes du questionnaire pour les parties prenantes internes ?

  • la cohérence des enjeux perçus notamment via la connaissance de la plateforme CSR du groupe,
  • la perception de la communication entre le Groupe et les parties prenantes,
  • la perception d’image,
  • l’appréciation de l’efficience de la démarche.

Les limites relevées par les experts

  1. Expression individuelle des parties prenantes et jamais collective, qui peut donner des résultats différents.
  2. Evaluation de la crédibilité (objectif de la norme) et non de la performance de la démarche de responsabilité sociétale du Groupe, ce qui n’avait pas été perçue par toutes les parties prenantes (et par certains des participants de la conférence, d’ailleurs…)

Ce qui a été conclu par les experts…

L’appréciation globale a souligné la forte implication des dirigeants, la réalité du déploiement, la bonne perception des engagements de responsabilité et indiqué que le Groupe devait « afficher davantage ses engagements ».

Extrait du rapport de crédibilité : « De façon globale et au vu de nos travaux, la démarche de RS du groupe Pernod Ricard nous est apparue pertinente au regard de l’implication de ses dirigeants, de la de qualité du dialogue avec les parties prenantes et de la pertinence des engagements formalisés. Son efficacité est satisfaisante compte tenu de l’avis donné par les parties prenantes internes et externes interviewées, mais le suivi d’indicateurs de progrès devra confirmer cette efficacité. »

Telécharger le rapport de crédibilite-RS-Pernod-Ricard

Puis André Hémard, VP CSR et Patrice Robichon, conseiller scientifique nous ont apporté leurs retours d’expérience notamment sur le plan d’actions défini suite à ce rapport : meilleur partage des bonnes pratiques entre les 80 filiales, élaboration d’un programme de formation pour une meilleure compréhension des priorités, le renforcement de la mesure de l’efficacité des actions avec davantage d’objectifs et d’indicateurs adaptés aux différentes structures, développer une communication externe dans les 80 pays.

Les différentes réactions… parties prenantes et participants

16 réactions/questions de parties prenantes + celles de la salle (réponse des experts entre parenthèses) essentiellement sur  :

  • le process : choix des parties prenantes du Groupe, garantie d’indépendance des évaluateurs (R : mission « payée » par Pernod-Ricard certes, mais liberté totale des experts sur cette mission. Pascal Baranger rappelle tout de même que l’une des activités de PwC est l’audit réalisé par leurs Commissaires aux comptes. Ce type d’audit est aussi payé par l’organisation évaluée)
  • la méthode : comment a été défini le critère « satisfaisant » ? (R : une grille a été définie pour mesurer le côté satisfaisant au regard des différentes remontées) Peut-on utiliser la même méthode dans tous les secteurs ? Quelques demandes complémentaires sur le souhait d’une plus grande visibilité sur la méthode…
  • le rapport :  a-t-il été soumis aux dirigeants de Pernod-Ricard ? (R : oui, car ils sont les commanditaires mais n’ont modifié aucun mot) Pourquoi ne parle-t-on pas des autres normes comme OHSAS 18000, ISO 14000…? (R : le rapport n’est qu’une synthèse, les normes sont évoquées dans le rapport global et surtout ce n’est pas un rapport RSE) Quelle périodicité ? (R : rien n’a été prévu de ce côté avec Pernod-Ricard pour l’instant).

Certains participants auraient souhaité une grille proche du modèle EFQM pour déterminer le niveau de crédibilité. Une demande qui ne me semble pas dans l’esprit de  l’ISO 26000 fondé sur les Hommes (les parties prenantes) et j’ai tendance à penser que l’évaluation, certes plus subjective, faite par des hommes est plus représentative de la réalité…

Et vous, que pensez-vous de cette norme expérimentale et de ce rapport ?


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